« Malheureusement, les opinions divergent fortement sur cette question » au sein des 28 « et nous ne pouvons qu'en prendre acte », a indiqué le commissaire européen à l'Agriculture, Dacian Ciolos, à l'issue lundi d'une réunion des ministres européens de l'Agriculture à Luxembourg.
A la demande d'un groupe d'Etats comptant notamment l'Autriche et l'Allemagne, les ministres devaient examiner la possibilité d'exonérer pour la campagne laitière ouverte au 1er avril 2014 les producteurs laitiers des pénalités prévues pour dépassement des quotas. Cette mesure vise selon ses partisans à permettre aux producteurs de s'adapter à la fin prévue des quotas en 2015 en profitant des bonnes conditions actuelles du marché laitier, marqué par une forte demande et des cours en hausse.
Mais une minorité de blocage soudée autour de la France, du Royaume-Uni et de l'Italie a écarté cette demande, perçue comme une prime aux producteurs violant les règles du jeu et risquant d'entraîner une surchauffe du marché, a indiqué une source européenne.
La France avait affirmé être prête à examiner un compromis si en échange de cette exonération - techniquement rendue possible par une réduction du coefficient de matière grasse pris en compte pour le calcul de la production - les ministres s'entendaient sur des moyens supplémentaires pour gérer, une fois les quotas abolis, d'éventuelles crises du marché laitier, comme l'UE en a connu en 2009.
Faute de ce donnant-donnant, les divisions prévalant depuis des mois au sein des Etats membres sur la question n'ont pas été dépassées. Le ministre grec de l'Agriculture, Georges Karasmanis, dont le pays conclut sa présidence tournante de l'UE, a indiqué que le dossier allait échoir à la prochaine présidence italienne, avec un éventuel réexamen en juillet. Le commissaire Ciolos a toutefois jugé que la discussion ne pouvait pas trop se prolonger, les producteurs ayant besoin sans tarder de règles claires.
La France n'a pas réalisé son quota en 2013/2014, face à des concurrents européens qui n'ont eux pas hésité à produire plus, comme les Pays-Bas ou l'Allemagne.
Les quotas laitiers européens avaient été mis en place en 1984 pour maîtriser les excédents. Depuis 2008, ils sont augmentés de 1 % tous les ans pour préparer le secteur à l'après-quotas.