Les éleveurs en quête d'une nouvelle stratégie

Au 25 août 2014, l'administration a comptabilisé cette année 4.800 victimes du loup, principalement des brebis. Environ 1.000 de plus que l'an dernier à la même date. En 2013, près de 6.800 bêtes avaient été la proie du prédateur, soit plus du double qu'en 2009. La population progresse de 15 à 20 % par an et atteint aujourd'hui plus de 300 individus.

« La situation actuelle est intenable », avance Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, qui estime désormais que la présence du prédateur est « incompatible » avec l'activité multiséculaire du pastoralisme. Les deux autres organisations agricoles, la Fnsea et la Coordination rurale, font aussi « un constat d'impuissance à protéger les troupeaux ».

Dans les Alpes-Maritimes, département le plus touché, « c'est surréaliste, 100 % des attaques ont eu lieu cette année sur des troupeaux protégés : qu'est-ce qu'on fait maintenant ? », interroge Thomas Vernay, chargé du dossier à la Confédération paysanne.

Regroupement nocturne, clôtures électrifiées, chiens de protection, présence continue d'un berger : ces mesures, qui ont fortement modifié le travail dans les lieux de pâturage, limitent les dégâts mais, selon les éleveurs, ne permettent pas d'éviter toutes les attaques. « Le loup s'adapte, il attaque aussi le jour, parfois même avec plusieurs patous (chiens de protection) », explique Thomas Vernay lors d'une rencontre organisée par la Confédération paysanne à La-Chapelle-en-Valgaudemar (Hautes-Alpes).

Le loup est « imprévisible », témoignent plusieurs bergers. Pour repousser les assauts du prédateur dans les zones de pâturage, les préfets délivrent au cas par cas des autorisations d'abattre des loups. Vendredi, le préfet des Hautes-Alpes a autorisé l'abattage de trois loups dans les massif du Queyras et du Dévoluy.

Prélever des meutes ?

Mais ces arrêtés sont souvent contestés devant les tribunaux par les associations comme l'Aspas, Ferus ou Fne, qui ne veulent pas voir une espèce protégée (Convention de Berne, directive Habitat) être chassée, même lors de battues ordonnées par le préfet. De nombreux arrêtés ont été annulés. De toute façon, ces battues font souvent choux blanc. Le loup est très mobile et ne se laisse pas facilement voir. En 2013, il y a eu huit loups prélevés dans ce cadre, pour un quota de 24. Cette année, pour un quota identique, un seul a été tué lors d'une battue.

D'où la récente décision de la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, de permettre des tirs lors de la chasse au grand gibier. Six Ong ont immédiatement déposé un recours au Conseil d'Etat. « Il ne faut pas s'en priver, mais ce ne sera pas la solution », estime Thomas Vernay. Selon Olivier Bel, « il faut une vraie régulation de l'espèce, en prélevant des meutes entières via par exemple des pièges mortels installés par les agents de l'Oncfs» (Office nationale de la chasse et de la faune sauvage).

Une position qui laisse présager d'âpres batailles avec les associations pro-loup, qui voit dans la présence de l'animal « une reconquête de la biodiversité ». Cette vision est contestée par les bergers, à l'instar de Fanny Métrat, 32 ans, éleveuse de brebis bio en Ardèche : « il y a le mythe du sauvage, du retour à la nature mais il y a aussi le mythe du pastoralisme, une activité qui a façonné nos paysages et qui est mise en danger par le loup », plaide-t-elle. « D'ailleurs les parcs des monts d'Ardèche, des Ecrins et des Cévennes ont pris des options fortes en faveur du pastoralisme pour maintenir des espaces entretenus, avec un fort potentiel touristique », dit-elle. « Moi, je suis écolo et je deviens l'ennemie des associations écologistes », déplore-t-elle, « cela fait mal, on se bat ensemble contre les gaz de schiste, contre les Ogm, mais le loup nous divise ». 

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