« Pour notre région, la transformation et la vente directe, ou les circuits courts, sont les meilleures voies d’avenir de la filière laitière. Les consommateurs se méfient de plus en plus des aliments qu’ils ont dans leur assiette car ils ont conscience que la qualité n’est pas la même en grandes surfaces. Ils se tournent davantage vers les circuits courts car ils sont certains de l’origine des produits.
Le plus souvent, les grosses coopératives créent des magasins de producteurs par simple opportunisme, parce qu’elles savent qu’il y a de la valeur ajoutée à prendre. Mais je doute que le consommateur retrouve la même qualité. A terme, les producteurs risquent de ne pas y trouver leur compte non plus. En fait, le seul frein à l’essor des circuits courts est politique car les enseignes de la distribution et les industriels ne veulent pas que ce marché leur échappe. Je me suis lancé dans la transformation dès 1985 en aménageant une fromagerie sur la ferme et en embauchant un salarié. Nos fromages sont livrés à un affineur. L’un de mes enfants s’est installé et nous nous sommes associés à huit autres exploitations pour ouvrir un magasin de producteurs au sud de l’agglomération lyonnaise. Nous vendons toutes sortes de fromages, des yaourts et des laits pasteurisés. Depuis l’ouverture en janvier 2014, nous avons valorisé 30.000 l de lait. Autre avantage : nous pouvons élargir notre gamme sans être soumis aux exigences des intermédiaires. Dès la première année, nous allons réaliser le chiffre d’affaires que nous envisagions en rythme de croisière. Nos objectifs sont largement atteints.
Avec la vente directe, la valeur ajoutée reste dans l’exploitation et nous pouvons dégager presque l’équivalent d’un revenu. Dans ces conditions, nous sommes prêts à augmenter notre volume, non pas pour faire du lait standard, mais pour le transformer et le vendre en direct. Pour doubler notre capacité de production, nous allons construire une deuxième fromagerie. »
