Les commanditaires absents, les petites mains nient

Dix-neuf membres présumés de ce réseau sont poursuivis. Mais dix seulement se sont présentés devant le tribunal, « uniquement des petites mains, alors que les commanditaires ne sont pas là », a estimé un des avocats de la défense, Me Samira Boudiba. « Si je suis venu ici, c'est pour rétablir les faits: je n'ai aucun rapport avec cette affaire », a expliqué à la barre un des prévenus, quasiment avec les mêmes mots que tous les autres suspects.

Selon l'accusation, les équipes de malfaiteurs fonctionnaient toujours de nuit, souvent le week-end, et visaient au hasard des locaux d'entreprise ou des exploitations agricoles, isolés mais à proximité de grands axes routiers, dans lesquels ils entraient par effraction. Tracteurs, pelleteuses, chargeuses ou compacteurs étaient dérobés, puis chargés dans des camions.

Un préjudice de 8 millions d'euros

« On sollicitait des sociétés de transport plus ou moins "claires" en Roumanie qui, après avoir effectué une livraison légale en France, ne repartaient pas à vide et en profitaient pour transporter des engins de chantier volés », a résumé la présidente du tribunal, Catherine Hologne, à l'ouverture de l'audience.

Décrits par les enquêteurs comme « astucieux » et « habiles conducteurs », les voleurs présumés fabriquaient au besoin des rampes de fortune pour effectuer ces chargements. « Des faux documents étaient utilisés pour permettre le transport des engins dérobés jusqu'en Roumanie », a précisé l'accusation. Au total, plus d'une soixantaine de faits avaient été mis en évidence par l'instruction, commis entre 2008 et 2010 dans le Nord-Est de la France, la vallée du Rhône et en Belgique, pour un préjudice total d'environ 8 millions d'euros.

« Une véritable organisation criminelle »

Dénégations systématiques A croire un des accusés, c'est son frère, « un ancien du ministère de l'Intérieur en Roumanie, devenu juge », qui serait en fait visé dans cette affaire. Pour un autre, dont le téléphone portable roumain a été détecté par une borne à proximité d'un vol, « c'est une erreur des autorités roumaines. Quelqu'un veut se faire passer pour (lui) ». Un troisième, dont l'Adn a été retrouvé sur un mégot sur une scène de larcin, avance sans sourciller que « quelqu'un a peut-être pris un de (ses) mégots et l'a placé là où on l'a retrouvé ». Devant cette succession des dénégations, la présidente du tribunal intervient: « Vous avez tous le même système de défense, ça n'est pas très convaincant »...

Les voleurs présumés, âgés de 26 à 52 ans, sont tous originaires de la ville de Borsa (nord de la Roumanie), « un fief où plusieurs personnes se distinguent par un penchant à détourner les lois et où des relations de parenté existent », a souligné l'instruction. Mais les hommes qui comparaissent depuis lundi apparaissent comme les exécutants de ce « réseau mafieux », selon les enquêteurs français. « Une véritable organisation criminelle », à croire le parquet de Bucarest, dont la coopération avec les autorités françaises a été unanimement saluée.

Un marché très lucratif

Un des principaux commanditaires, qui n'a pas fait le voyage en France pour ce procès, est réputé pour « instaurer un climat de terreur » à Borsa. Surnommé « Obezu » (« L'obèse » en roumain), il se partageait le marché particulièrement lucratif de l'importation d'engins volés avec d'autres réseaux mafieux, parfois aidés par des fonctionnaires corrompus, selon l'accusation.

Le procès doit durer jusqu'à vendredi. Les prévenus encourent 7 ans d'emprisonnement, notamment pour vols en réunion et vols aggravés.

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