« Trois ans, c'est trop court pour porter mes ambitions pour l'agriculture »

« Trois ans, c'est trop court pour porter mes ambitions pour l'agriculture »

Vidéo : Bilan de mandature, ambitions et objectifs pour les trois ans qui viennent, relation avec le Gouvernement

Xavier Beulin dresse le bilan de son premier mandat et ses objectifs pour les trois ans qui viennent. En vue d'un probable remaniement ministériel, le président de la Fnsea explique ses attentes.https://www.dailymotion.com/video/x91qojc

Outre la présentation du 68ème congrès qui se tiendra les 25, 26 et 27 mars à Biarritz, Xavier Beulin, président de la Fnsea, est revenu au cours de l’entretien accordé à la rédaction de Terre-net Média, sur certains sujets de l’actualité du syndicat et sur les revendications qu'il espère satisfaites dans les prochaines semaines lors de la mise en œuvre du pacte de responsabilité.

Terre-net Média (TN) : Les décisions concernant le pacte de responsabilité sont attendues après les élections municipales. Mais que demandez-vous pour compenser le Cice dont n’ont bénéficié ni les agriculteurs ni les coopératives ?

Xavier Beulin (XB) : Il semble que le Cice sera maintenu. Et pour ceux qui n’y ont pas accès, les  agriculteurs et les coopératives en particulier, l’alternative devra être le changement d’assiette sur la part des cotisations familiales. En jeu, les 5,25 % de charges sociales qui pèsent sur les salaires. Leur exonération est la seule mesure efficace pour  compenser une partie du manque de compétitivité vis-à-vis de nos principaux voisins.

Nous savons qu’un salaire minimum sera instauré progressivement en Allemagne. Mais à 8,65 € par heure en 2017, l’écart du coût du travail horaire avec la France sera de 5 €. Si les cotisations familiales sont exonérées, il ne sera plus que de 1 € ou de 1,5 €. Ce sera déjà beaucoup mieux !  

TN : Les Etats généraux du 21 février 2014 ont été une réussite reconnue unanimement. Mais depuis un mois, quels résultats avez-vous obtenus ?

XB : Nous avons mis en place un tableau de bord sur les avancées des Etats généraux : simplifications, normes, directives européennes, innovation... Chaque mois, au début de chaque conseil d’administration, nous ferons un point et nous publierons les résultats sur un site dédié aux Etats généraux.

Parmi les 72 mesures annoncées, il y en a une très emblématique : celle portant sur les installations classées, avec un premier résultat sur la production porcine. A ce jour, nous souhaitons l’étendre à  la volaille. Mais les progrès sont lents.

Sur ces questions comme sur les autres, nous souhaitons que la France se mette dans la norme européenne, ni plus, ni moins. Or pour de nombreux sujets, notamment les directives environnementales, nous  (la France, Ndlr) sommes plus "disants" que la moyenne européenne.

Aussi, deux ou trois fois par an, sur ces grands sujets, nous rendrons compte en direct de l’évolution de la situation et du parcours qu’il reste à faire pour être dans la norme.

TN : Quelle alternative proposez-vous à la mise en œuvre de la nouvelle directive nitrates ?

XB : Depuis la fin des Etats généraux, s’est tenu un premier tour de table avec l’Inra, les instituts techniques, les Chambres d’agriculture et la coopération agricole pour changer de paradigme sur la réglementation environnementale.

Si on prend l’exemple de la directive nitrates, plutôt que d’aller sur une culture de moyens (en renforçant les normes), adoptons une culture de résultats. Autrement dit, faisons appel à la compétence, à la connaissance et à l’innovation pour répondre à des situations problématiques. Les problèmes environnementaux, nous ne les nions pas. Mais si on a un problème de qualité de l'eau, il faut y répondre par des solutions adaptées et pas forcément par une nouvelle réglementation qui ne garantit pas le résultat. C’est pourquoi, nous voulons décentraliser l’approche environnementale pour la rendre la plus pragmatique et la plus concrète possible face aux besoins du terrain. Et ça, c’est un sacré challenge !

Aux grandes mesures agro-environnementales établies au niveau national, qui n’ont pas de sens, il faut faire du sur-mesure avec des solutions qui rendent compatible la double performance économique et écologique souhaitée par notre ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll.

TN : Lors du prochain remaniement, ne faut-il pas envisager un double ministère de l’Agriculture et de l’Environnement ?

XB : Pourquoi pas. Je souligne que les propos tenus lors des Etats généraux par Philippe Martin, ministre de l’Ecologie invitent à ne plus regarder en permanence les agriculteurs de manière conflictuelle. Mais à rechercher les voies et les moyens pour combiner la double performance économique et écologique. C’est un discours qui nous va bien et c’est celui que nous sollicitons à la Fnsea depuis des années. Mais nous n’avions pas la clé d’entrée pour y accéder.

Et puisqu'une perche nous est tendue, j’ai envie de la saisir. En disant ça, cela signifie que nous prenons des engagements mais nous attendons en retour une sanction positive.

Vidéo : Les derniers calages de la Pac - la reconnaissance des actifs agricoles

Xavier Beulin revient sur les derniers calages de la Pac, l'appréciation qu'en ont les agriculteurs et surtout le combat qu'il compte mener pour la reconnaissance des actifs agricoles.

https://www.dailymotion.com/video/x91qojc

TN : A propos de la mise en œuvre de la Pac en 2015, vous semblez silencieux sur les décisions qui restent à prendre : lait, protéagineux, dégressivité des Pmtva…

XB : Sur les protéagineux, il y a un débat interne à la profession. La position de la Fnsea est claire et connue de tous. Pour être équitable, il faudrait un partage 50/50 entre ce qui serait affecté à l’élevage d'une part et au secteur des grains d'autre part. Mais conditionner le versement d’aides aux céréaliers, à la conclusion d’un contrat avec les éleveurs, n’a pas de sens. Ce qui compte est de produire des protéagineux en restant dans une logique de filière.

Il est regrettable que le ministre de l’Agriculture passe sous silence l'amélioration du ratio de dépendance des importations de soja de la France de 25 à 30 points en dix ans grâce au biodiesel et à la production de tourteaux. Mais on ne peut pas en parler car on ne veut pas parler de biocarburants. C’est un peu de la fumisterie !

TN : Pour les prix des céréales, des engrais et de l’énergie, les agriculteurs ont-ils du souci à se faire avec la crise en Ukraine ?

XB : Je ne sais pas. Mais le choix d’une économie circulaire appliquée à l’agriculture est sans doute un choix judicieux. Il faut l’organiser. Mais il ne se limite pas aux circuits courts comme l’imaginent certains de nos concitoyens. 

Les circuits courts ne sont qu’une forme d’économie circulaire. La véritable économie circulaire est celle qui nous permet de gagner de plus en plus en autosuffisance alimentaire pour les filières animales (production de protéines végétales), de revaloriser des sous-produits en énergie (biocarburants, biogaz et autres) et de recycler des digestats de méthaniseurs en fertilisants.

L’économie circulaire suppose aussi de régler les questions logistiques pour réduire les coûts. Mais que l’on ne nous parle plus de l’écotaxe ! Sous sa forme actuelle, c’est niet ! Le dossier tel qu’il a été monté est mort. On n’y reviendra pas et ça va coûter cher. La première manifestation contre l’écotaxe date de 2009 et depuis, tous les ministres ont fermé les yeux en se repassant le dossier. Et pour finir Monsieur Cuvilier, ministre des Transports, nous explique en 2013 que ça ne coûtera rien aux agriculteurs puisqu’ils factureront la taxe à leurs clients. C’est un peu juste comme argumentation !

Inscription à notre newsletter

NEWSLETTERS

Newsletters

Soyez informé de toute l'actualité de votre secteur en vous inscrivant gratuitement à nos newsletters

MATÉRIELS D'OCCASIONS

Terre-net Occasions

Plusieurs milliers d'annonces de matériels agricoles d'occasion

OFFRES D'EMPLOIS

Jobagri

Trouvez un emploi, recrutez, formez vous : retrouvez toutes les offres de la filière agricole

Réagir à cet article