« Il y a trois ans, j’ai prospecté auprès de mes voisins pour savoir si certains seraient prêts à acheter de la viande bovine de mon exploitation. Beaucoup ont répondu favorablement. Depuis, je vends en direct quatre ou cinq animaux par an et propose deux tailles de colis. Il faut s’inscrire par téléphone. Dès qu’il y a assez de demandes, je fais abattre la bête. Un boucher la découpe après trois semaines de maturation en chambre froide. Je récupère les morceaux sous vide en vrac, prépare les colis et appelle les clients pour qu’ils viennent chercher leur commande à la ferme.
En commercialisant quelques bêtes en direct, je peux pallier la faiblesse des cours de la viande, donc de mon revenu. J’ai d’autant plus d’intérêt à développer ce mode de commercialisation que mes aides vont baisser de 3.000 €/an avec la nouvelle Pac. A la ferme, un animal est valorisé 1.000 € de plus qu’en circuit traditionnel. Certes, c’est énormément de travail d’appeler et de recevoir plus de 60 personnes par bête, mais pour gagner 1.000 € supplémentaires, ça vaut la peine.
Entre les drives fermiers et les magasins de producteurs, les démarches collectives se multiplient. Cependant, je ne suis pas sûr que les producteurs engagés dans de tels projets s’y retrouvent. La vente directe n’est intéressante pour les agriculteurs qu’à l’échelle de l’exploitation, afin de ne générer ni charges supplémentaires ni investissements à amortir. Accueillir les clients à la ferme est aussi l’occasion de faire de la pédagogie sur notre métier. Même mes voisins les plus proches connaissent peu l’élevage ! Une ouverture vers le grand public que j’apprécie. L’année prochaine, des élèves viendront découvrir mon élevage. »