Au fond du trou, les éleveurs exigent des engagements fermes sur les prix

A la veille de cet important rendez-vous, alors que plus de la moitié des capacités d'abattage nationales sont paralysées par le mouvement de près de 4.000 éleveurs, qui se relaient en permanence, Stéphane Le Foll a promis de faire « des propositions ». « On est face à un sujet majeur », a martelé le ministre devant les députés mardi après-midi, jugeant que « si ça continue comme ça, on court le risque de voir la filière bovine se réduire, rabougrir ».

Première urgence, les prix : « La viande a besoin de rémunérer ses éleveurs », prévient le ministre, qui en appelle à la grande distribution pour qu'elle répercute au consommateur la revalorisation des prix payés aux producteurs plutôt que se livrer à une guerre des prix sur leur dos. Le ministre souhaite aussi un effort de valorisation de l'origine et de l'étiquette "Viande de France" dans les rayons des supermarchés.

Parallèlement, loin de s'essouffler, les blocages se sont encore étendus mardi. En fin de journée, la Fnsea a indiqué qu'un 18e abattoir était bloqué par les éleveurs, situé à Venarey-les-Laumes (Côte d'Or).

Actuellement, un éleveur bovin gagne moins de 1.000 euros par mois, rappelle la fédération nationale bovine (Fnb) à l'origine du mouvement depuis dimanche, avec la Fnsea et les Jeunes Agriculteurs. Ils ont reçu mardi le soutien de la Confédération Paysanne, qui partage rarement pourtant les combats de la puissante fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (Fnsea).

C'est que la détresse le dispute à la colère, note Xavier Beulin, le patron de la Fnsea, qui s'est rendu mardi à l'abattoir de Vitry-le-François (Marne), bloqué depuis trois jours par une cinquantaine d'éleveurs. Dans un entretien à l'Afp, Xavier Beulin se dit « frappé par la grande détermination des éleveurs, au moins équivalente à leur détresse » : « Il n'y a pas d'agressivité, mais une grande dureté : tout le monde est conscient de l'importance de la réunion de demain. »

Avec un kilo à la carcasse payé de 3 euros à 3,40 euros, « les prix d'achat ne couvrent même pas les coûts de revient », insiste-t-il. « Nous voulons sortir (du ministère) avec des engagements fermes ; que chaque opérateur, abatteur, transformateur, distributeur, s'engage à une revalorisation des prix, que les grandes enseignes acceptent aussi de rehausser leurs tarifs d'achat. »

Espèce en voie de disparition

Pour bien exposer l'implication de l'ensemble des acteurs, les éleveurs qui ciblent d'ordinaire les rayons viande des supermarchés ont choisi cette fois de viser les industriels : « Ils se battent entre eux, sur notre dos, pour arracher des marchés à la grande distribution », explique le président de la Fnb Jean-Pierre Fleury. Il s'agit donc, poursuit-il, en perturbant leur activité, d'amener les industriels à reconnaître les difficultés des éleveurs, afin qu'ils s'engagent à fixer leurs propres prix « plutôt que de se les laisser dicter » par la grande distribution qui les entraîne dans sa guerre des prix.

Au ministre « de faire pression sur les opérateurs » reprend Xavier Beulin, qui qualifie la situation de « gravissime » alors que « beaucoup d'exploitations sont en négatif » : « L'espèce en voie de disparition, ce sont les éleveurs », juge-t-il.

Faute de résultats, s'inquiète le patron de la Fnsea, le mouvement risque de durer, anarchique et potentiellement « dangereux ». « Les gars y sont prêts », assure-t-il, même si leur mobilisation en pleine période de travaux agricoles leur coûte, alors qu'ils devraient être aux foins. Tout en exprimant sa « totale solidarité » avec les éleveurs, Philippe Mangin, président de Coop de France (plus de 2.700 coopératives agricoles) prévient que « l'actuel blocage des abattoirs va représenter une lourde perte d'exploitation pour la filière ». Pour sortir du conflit, il a appelé mardi les coopératives adhérentes à demander un « effort immédiat à leurs clients de revalorisation des prix ».

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