Un peu à l’écart des remous du Space, l'association Trame proposait aux éleveurs d’échanger autour de sujets qui leur tiennent à cœur. Juste entre eux, pour partager leurs expériences, leurs réflexions. Vendredi 18 septembre, c’est de la santé de leur sol qu’ils sont venus parler. C’est souvent en constatant un déséquilibre de la vie de leurs sols que les agriculteurs ont remis en question leurs pratiques.
En voyant les sols de l’exploitation qu’il venait de reprendre être peu productifs, développer maladies et adventices, Pascal Chaussec, éleveur dans le Finistère, a décidé de se recentrer sur l’agronomie. « En découvrant, par des échanges entre collègues, les bienfaits des couverts végétaux pâturés par mes génisses, j’ai augmenté la productivité de mon exploitation tout en améliorant la structure de mes sols, apprécie-t-il. Pareil avec le maïs semé en direct. J’ai créé un choc de productivité à l’envers, moins de mécanisation, moins de chimie pour plus de revenu ».
C’est aussi en voyant ses pâtures baisser en productivité que Fabien Gauvrit, éleveur en Vendée, s’est mis à l’écoute de ses sols pour changer de pratiques. « Même avec des pâtures, on peut avoir de mauvaises pratiques et épuiser le sol, se souvient-il. Je laisse une partie du méteil au sol pour favoriser le développement des vers de terre car ce sont eux qui améliorent la qualité du sol ». Le jeune éleveur a repensé tout le fonctionnement de son exploitation pour obtenir des sols vivants. « Le système maïs/blé/achat de concentrés azotés est obsolète. J’ai réintégré des légumineuses dans la rotation et fait attention à la structure du sol ».
La fertilité du sol joue sur celle des vaches
Un sol qui retrouve son équilibre par des nouvelles pratiques et un changement de rotation est bénéfique au troupeau. « Depuis que je distribue de la luzerne, produite sur l’exploitation, je suis descendu de 1,8 à 1,4 paillette par gestation », constate Philippe Etienne, éleveur laitier en Ille-et-Vilaine. Cette valeur ajoutée sur la santé des animaux, François Rouanlt l’a aussi constatée sur ses porcs. « Depuis que je les engraisse à partir de mes céréales et de celles de voisins, j’ai moins de pertes ».
Des travaux qu’ils mènent en groupe, tous s’accordent sur la nécessité de retrouver la synergie sol/plante/animal, car « un sol en bonne santé, ce sont des vaches en bonne santé et un éleveur en bonne santé psychique », apprécie Philippe Etienne.