Moscou combat avec véhémence cet accord de libre-échange qui va soustraire encore davantage l'Ukraine à son influence, jugeant qu'il sera néfaste pour l'économie russe. Les Européens ont organisé depuis novembre 2013 une vingtaine de réunions avec la Russie et l'Ukraine dans l'espoir d'apaiser ces craintes. La dernière réunion au niveau ministériel avant l'entrée en vigueur de la zone de libre-échange doit avoir lieu mardi à Bruxelles.
« Pour le moment, nous avons pour objectif que l'accord de libre-échange entre l'Ukraine et l'UE entre en vigueur au 1er janvier et nous voulons être sûrs qu'il n'y ait pas de représailles russes », a déclaré vendredi la Commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström. « Il y a une volonté de notre part de coopérer avec la Russie, mais la celle-ci doit accepter que l'accord entre en vigueur sans qu'elle ne fasse de représailles », a ajouté Mme Malmström, qui s'exprimait en marge d'une réunion à Bruxelles.
Faisant état d'une « bonne atmosphère », elle a toutefois souligné qu'il n'y avait « pas encore d'accord » avec Moscou à ce sujet. La Russie, qui applique jusqu'à présent un régime douanier préférentiel à l'Ukraine, menace d'introduire en représailles un embargo sur les importations alimentaires ukrainiennes, et cela dès le 1er janvier 2016, soit la date prévue de l'entrée en vigueur de l'accord UE-Ukraine.
Son objectif, comme l'a encore expliqué à la mi-novembre le ministre russe de l'Economie Alexeï Oulioukaïev, est de « défendre son marché contre l'arrivée incontrôlée de marchandises de pays tiers, en premier lieu de l'Union européenne, via le territoire ukrainien ». Bruxelles conteste que l'accord commercial puisse avoir pour effet d'inonder l'économie russe de produits européens. M. Oulioukaïev doit participer au dernier round de négociations mardi, avec Mme Malmström et le ministre ukrainien des Affaires étrangères Pavlo Klimkine.
L'issue de ces ultimes pourparlers, qui ont été expressément mentionnés dans la déclaration politique accompagnant les accords de cessez-le-feu de Minsk, pourrait avoir des répercussions sur le conflit avec les rebelles prorusses soutenus par Moscou dans l'est de l'Ukraine, qui a fait plus de 8.000 morts depuis mai 2014.