Le parquet a également requis une amende de 30.000 euros dont 15.000 avec sursis à l'encontre du couvoir. Le jugement a été mis en délibéré au 8 mars. A l'audience, le dirigeant du couvoir, Daniel Glevarec, a partiellement reconnu les faits qui lui sont reprochés, assurant avoir été au courant de certaines pratiques non conformes avec la législation mais ne pas les avoir cautionnées.
L'association de défense des animaux L214, qui s'est constituée partie civile, avait publié en novembre 2014 sur son site internet une vidéo dénonçant les conditions de vie et de mort des poussins dans ce couvoir breton. Sur cette vidéo, toujours visible sur le site de l'association, un employé montre, en caméra cachée, des poussins jetés vivants dans une benne à ordure et agonisant. Pour l'élevage de poules pondeuses, les couvoirs conservent les poussins femelles et tuent les mâles en les broyant ou en les gazant comme l'impose la réglementation européenne depuis 2009.
« Jamais de la vie je n'ai prôné ce genre de technique, mais je n'étais pas derrière les salariés », a assuré M. Glevarec, suggérant que ces derniers ne respectaient pas ses consignes. Le couvoir vendait ou parfois donnait à des associations ou des particuliers des poussins destinés à alimenter des rapaces notamment. Avant d'être livrés ils étaient étouffés dans des sacs en plastique. L'association L214 a comptabilisé plus de 100.000 poussins mis à mort de cette façon en 2014, une pratique non autorisée.
Le dirigeant a affirmé ne pas être au courant de la pratique consistant à envoyer des poussins vivants directement dans le broyeur, assurant que « la consigne était de passer tous les poussins à l'euthanasieur » au préalable. M. Glevarec et le couvoir, en tant que personne morale, étaient poursuivis pour sept infractions dont « destruction volontaire et sans nécessité d'animal » et « mauvais traitement envers un animal ». Il leur était également reproché une « gestion irrégulière de déchets », en raison du mélange des produits issus du broyage des poussins avec le compost issu de la fermentation des fientes de poules, vendu ensuite, sans autorisation, comme du compost organique. Les poussins passés au broyeur auraient dû partir à l'équarrissage, un service payant.
L'association L214 avait lancé une pétition, soutenue par de nombreux parlementaires, pour demander l'interdiction de « cette pratique cruelle », qui concerne 50 millions de poussins selon elle. Remise au ministre de l'agriculture Stéphane Le Foll, elle avait recueilli plus de 120.000 signatures. Le président du couvoir St François et ce dernier, en tant que personne morale, sont poursuivis pour sept infractions dont destruction volontaire et sans nécessité d'animal domestique et mauvais traitement envers un animal.
Au lendemain de la publication de la vidéo par L214, la Direction générale de l'alimentation (DGAL) avait annoncé la remise à plat des normes du bien-être animal. L'association L214 estime cependant que « la situation n'a pas évolué » sur cette question et « espère avec ce procès va faire évoluer la législation », a indiqué à l'AFP Sébastien Arsac, son porte-parole.