Privatisation foncière en Hongrie
L'opposition dénonce un « vol légalisé » au profit du pouvoir

Le gouvernement a lancé en novembre la privatisation par tranches de quelque 380.000 hectares de riches terres arables, héritées de l'époque communiste et représentant environ 7,5 % de la surface agricole du pays. Plusieurs proches de Viktor Orban se sont taillé la part du lion à l'occasion de la deuxième tranche des adjudications qui s'est achevée le 15 mars, a relevé la presse hongroise lundi, sur la base de résultats officiels.

Selon le ministère de l'agriculture, le gendre du Premier ministre, Istvan Tiborcz, et sa famille ont remporté un lot de 193 hectares pour 217 millions de forint (700.000 euros) dans le département de Fejér (ouest), le fief de Viktor Orban. Un autre proche du chef de gouvernement, Lorinc Mészaros, maire de Felcsut, le village d'origine de la famille Orban, s'est vu adjuger 77,7 hectares pour 49 millions de forints (160.000 euros). Lors de la première tranche, M. Mészaros avait déjà acquis plus de 4.000 hectares dans les environs, pour 3 millions d'euros. La famille Tiborcz avait pour sa part obtenu 300 hectares pour 1,1 million d'euros.

« Le Premier ministre et son entourage sont devenus les plus grands propriétaires de terrains dans le pays, ils ont légalisé le vol en changeant les lois à leurs guises, et la privatisation des terrains n'a plus rien à voir avec l'objectif officiel de ventes : donner la terre aux agriculteurs », a jugé lundi le député socialiste Zoltan Gögös dans le quotidien Nepszabadsag (gauche).

Ouvrant droit à d'importants subsides européens au titre de la Politique agricole commune, ces terres peuvent aussi réserver de considérables plus-values si elles sont déclarées constructibles, par exemple dans le cadre d'un projet de « Silicon Valley » hongroise engagé dans le secteur, relève, comme Nepszabadsag, le journal Magyar Nemzet (droite). « La conversion des terres agraires en zones industrielles pourrait se faire avec quelques signatures et multiplierait la valeur des terres d'un jour à l'autre », souligne le Nepszabadsag.

Destinée officiellement à démocratiser l'accès à la terre et à remplir les caisses de l'Etat hongrois, la vente des 95.000 premiers hectares cet hiver avait rapporté quelque 130 milliards de forints (412 millions d'euros), selon le gouvernement.

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