« L'anticyclone des Açores a l'air de vouloir ramener un temps estival, ça a l'air bien parti », soulignait vendredi François Gourand, prévisionniste à Météo France, à la veille des premiers grands départs en vacances. Cela rassurera peut-être les professionnels du tourisme qui, en ce début de congés, voient de nombreux vacanciers, à la recherche du soleil, se replier vers l'Espagne ou l'Italie. Selon Pascal de Izaguirre, président du géant TUI France (Marmara, Nouvelles Frontières...), « le climat déprimé et déprimant des grèves, des manifs et de la pluie, fait que les gens devraient partir plus à l'étranger ».
« La météo diluvienne a poussé les Français à réserver en priorité dans des régions de France ou du monde où ils auront l'assurance de trouver du soleil », note-t-on chez Abritel, plateforme de locations entre particuliers. Chez Opodo, les Baléares et les Canaries se classent en tête des séjours.
Vendredi, lors d'une conférence de presse, Météo France a dressé le bilan d'un printemps désastreux sur le nord et le centre du pays. Ce « printemps entre guillemets », selon son expression, aura été le plus pluvieux jamais enregistré à Paris depuis 150 ans et le début des mesures, effaçant le record de 1928. Fin mai, il était tombé en quatre jours 80 à 120 mm d'eau en Ile-de-France et dans le Centre, soit 80 à 120 litres d'eau par m2, l'équivalent de deux mois de pluie ! Dans le Loiret, le bassin du Loing a reçu en quatre jours trois mois de précipitations, sources d'inondations exceptionnelles. Pour les météorologues, on peut désormais qualifier ce cas d'« événement exceptionnel », du type de ceux dont la science promet la recrudescence du fait du dérèglement climatique - même si cet épisode ne peut être à ce stade imputé au réchauffement mondial. En juin, sur le nord du pays, il a plu 1,5 à 2 fois plus que d'habitude. A l'origine de ce tunnel, la persistance de dépressions, peu mobiles, et d'anticyclones bloqués au sud des Açores et sur les hautes latitudes. Pour autant, au même moment, la Bretagne et le sud-est manquaient d'eau. La vallée du Rhône a subi un déficit de pluie de 50 %. Dans les Bouches-du-Rhône, le maire d'Allauch a même écrit aux chaînes télé, « exaspéré » de voir la pluie qualifiée de « mauvais temps » dans les bulletins météo.
Après El Niño, La Niña
En tout cas, en ce début juillet, le retour de la chaleur se confirme partout. « Le temps s'est stabilisé, ça a l'air de se confirmer », souligne M. Gourand. Sur le nord, les températures devraient dépasser 30°C dimanche, atteindre 33°C en Alsace, 35-38° dans le sud. Et la dégradation orageuse prévue lundi ne devrait pas perturber durablement la situation : « les premières tendances pour la fin de la semaine prochaine indiquent que les températures vont remonter », à partir du 14 juillet. Les prévisions sont délicates au-delà de quelques jours. Pour y voir malgré tout plus clair à moyen terme, Météo France mixe les résultats de plusieurs modèles informatiques européens associant données atmosphériques et températures de l'océan.
Sur l'ensemble de la saison, sur l'ouest de l'Europe, des conditions plus chaudes que la normale sont à attendre sur l'Espagne, mais aussi la Scandinavie et le nord des pays Baltes, selon ces modèles. Pas de scénario privilégié en revanche sur le reste du continent. Il est « néanmoins très peu probable que l'Europe occidentale, notamment le nord de la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, connaissent des conditions très chaudes en juillet ». Même si une canicule n'est pas impossible en août. Côté précipitations, l'ouest du bassin méditerranéen, dont l'Espagne, devrait être plus sec que la normale. Ailleurs, c'est l'incertitude.