Le 5 août, le service statistique du ministère de l'Agriculture tablait sur 29,1 millions de tonnes de blé tendre, celui qui sert à faire le pain, ce qui équivalait à un recul de 29 %. La France va ainsi perdre sa place de premier exportateur européen de blé. 6,5 millions de tonnes de blé tendre seulement devraient être exportées vers les pays de l'UE (-15,6% par rapport à 2015), et 4,7 millions de tonnes vers les pays tiers, soit une chute «spectaculaire » de 62,8% par rapport à l'an passé, a estimé France AgriMer mercredi.
En blé dur, qui sert surtout pour la fabrication des pâtes alimentaires, la production française devrait s'élever à 1,4 million de tonnes cette année, soit un recul de 21,48 % par rapport à 2015. Les ventes de blé dur à l'exportation devraient reculer de 16,13 % (600 MT) vers les pays de l'UE, et de 70% vers les pays tiers (150 MT).
« Le rayonnement cumulé en juin a été 20 à 30 % inférieur à celui d'un mois de juin normal » a indiqué Benoit Méléard, de l'institut Arvalis, lors d'une présentation à la presse. Selon lui, l'année catastrophique devrait néanmoins rester un « phénomène exceptionnel et atypique ».
Côté qualité, le poids spécifique des épis est « particulièrement bas », ce qui obligera les meuniers à acheter plus de blé pour avoir la même quantité de farine. Mais la moyenne de la teneur en protéines (12,6 %) est « particulièrement élevée cette année » a indiqué Adeline Streiff d'Arvalis. Au total, seulement 20 % de la production française sera « premium ou supérieure » contre 45 % l'an passé, selon Arvalis.
Mardi, Bernard Valluis, président délégué de l'Association nationale de la meunerie française (ANMF) avaient estimé que « les rendements meuniers » allaient se « dégrader » : « d'habitude, avec 100 kilos de blé, on peut produire 78 à 80 kilos de farine, cette année, ça va baisser de 5 points », a-t-il dit.
France AgriMer a estimé que les « besoins du marché intérieur » vont être « satisfaits » grâce à un travail - en cours - de mélange des produits et des origines pour permettre la panification. « La filière n'a pas envie d'exploser sous prétexte que l'année est difficile » a déclaré Remi Haquin, président du Conseil spécialisé pour la filière céréalière.
Sur sa propre ferme, M. Haquin dit n'avoir jamais obtenu de rendements aussi faibles que cette année. « En blé, on est moins bon qu'en 1976, l'année de la sécheresse et de l'impôt solidarité. Sur ma ferme, je suis à 50 % au-dessous de la moyenne des 20 dernièrees années, je ne pensais pas qu'on pouvait descendre si bas », a-t-il dit à l'AFP.