Si François Hollande voulait faire en sorte d'oublier - et faire oublier - sa visite très chahutée de l'an passé, l'opération est réussie. C'est en président sortant et non candidat à sa réélection qu'il a inauguré, pour la cinquième fois, le salon international de l'agriculture ce samedi 25 février 2017. Et l'ambiance entourant sa visite, quelque peu insipide, a bien traduit à la fois une ambiance de fin de mandat et celle d'un monde agricole résigné qui n'attend plus rien de l'actuel exécutif.
La visite a démarré par un nouvel hommage à Xavier Beulin, président de la FNSEA décédé dimanche dernier. Le chef de l'Etat a dévoilé, à l'entrée du hall 1, le hall des animaux, une plaque commémorative, dédiant cette 54e édition du salon au leader syndical.
Dans les allées du salon, l'hommage a laissé la place à une ambiance de résignation autour du cortège présidentiel : les représentants des organisations agricoles attendent bien davantage des candidats à la Présidentielle 2017 qui défileront cette semaine que d'un président qui ne sera plus président dans un peu plus de deux mois.
MAIGRES MESURES
Ceci dit, parce qu'une visite présidentielle serait inenvisageable sans la moindre annonce, quelques mesures ont été communiquées par François Hollande. La principale est le prolongement du cautionnement bancaire, la mesure phare du plan de consolidation et de refinancement des exploitations agricoles présenté en octobre dernier, faute de succès jusqu'alors : BPI France et la Siagi, les deux structures de cautionnement public sollicitées, n'ont eu que très peu de dossiers à traiter.
Le dispositif, qui devait prendre fin au 31 mars, a été prolongé jusqu'au 30 juin 2017. « Très peu de dossiers sont remontés jusqu'à la Siagi ou BPI France car les agriculteurs ont reçu entre temps leurs ATR (apports de trésorerie remboursable) et une partie du solde des aides Pac. Et le cautionnement public serait considéré comme un ultime recours pour les agriculteurs. »
La deuxième concerne le fameux registre agricole, l'une des mesures phares de la loi d'avenir pour l'agriculture restant à mettre en œuvre. François Hollande a annoncé que le décret mettant en place ce registre agricole serait prochainement soumis à la Cnil pour validation avant d'être publié. Mais l'executif n'a pas évoqué le décret d'application qui fixera les critères retenus pour les actifs agricoles. Ce décret-là, beaucoup plus sensible, ne serait pas travaillé au sein de cette majorité présidentielle.
La troisième annonce concerne le prolongement de l'aide de 150 € pour l'abattage de jeunes bovins. La mesure vise à réduire le poids des animaux amenés à l'abattoir pour limiter l'engorgement du marché de la viande. Pour être éligibles, les jeunes bovins mâles de race à viande ou croisés doivent être âgés de 13 à 24 mois et peser mois de 360 kg. Les jeunes bovins vifs destinés à l'export doivent pour leur part peser moins de 680 kg (poids vif).
Ces maigres annonces ne changeront rien à la détresse encore exprimée, certes bien plus discrètement que l'an dernier, par quelques producteurs dans les allées. Un groupe d'agricultrices, venues de Bretagne, de Mayenne ou encore de Maine-et-Loire en avaient gros sur le cœur lorsqu'elles ont interpellé François Hollande, en lui rappelant qu'un agriculteur se suicide tous les deux jours, « et que personne ne leur rend hommage ».