Vers 24.000 exploitations engagées dans le bio à la fin de l’année

François Thiery, président de l'Agence Bio et Elisabeth Mercier, directrice. (© Terre-net Média)

Ni la nouvelle crise économique, ni la crise sanitaire de cet été n’ont remis en cause l’essor de la filière bio et de l’agriculture biologique. Elles seraient même le moteur de son expansion, à l’abri de la volatilité des marchés agricoles. C’est ce traduisent les derniers chiffres publiés de l’Agence bio lors de son point presse de rentrée, ce 29 septembre 2011.
Le chiffre d’affaires de l’ensemble des acteurs de la filière est de 3,39 milliards d’euros en 2010 et il pourrait aisément atteindre quatre milliards à la fin de l’année.
Des taux de croissance de 10 % en valeur chaque année masquent en volume des progressions plus fortes, surtout dans les produits frais, ce qui traduit dans le même temps une modération des prix payés par le consommateur.

Les collectivités locales et la restauration collective ont encore faiblement recours à ces produits

Les préparateurs et les distributeurs de plus en plus nombreux contribuent aisément à cette progression en valorisant les produits agricoles biologiques avec l’essor ces derniers mois de la fabrication de plats cuisinés. Les produits biologiques sont dorénavant dans la plupart des placards et des réfrigérateurs des cuisines des ménages.

Les objectifs du Grenelle de l’environnement hors d’atteinte Si l’essor de l‘agriculture biologique est incontestable, les objectifs du Grenelle de l’environnement d’atteindre 6 % de la Sau en 2012 et 20 % en 2020 ne seront pas pour autant prêts d’être atteints. L’agriculture biologique est le choix de 4,6 % des exploitations agricoles sur 3,09 % de la Sau française. La région Pac arrive en tête des régions avec un taux de conversion de 10,54 % de la Sau. Seules dix régions ont plus de 3 % de leur surface agricole en bio ou en cours de conversion.

En revanche, avec 130 millions de chiffres d’affaires, les collectivités locales et la restauration collective ont encore faiblement recours à ces produits, même si des progrès importants mais récents sont constatés. Aussi, l’Agence Bio a décidé de participer au salon des maires et des collectivités territoriales en novembre prochain, pour faire la promotion de l’agriculture biologique dans la restauration collective.

2.700 exploitations nouvellement engagées

Sur le terrain, l’engouement pour l’agriculture biologique se traduit par les 2.700 exploitations nouvellement engagées dans la conversion depuis le début d’année 2011. Fin septembre, l’agence Bio dénombre 23.300 entreprises ayant fait ce choix de production, ce qui laisse penser qu’elles seront 24.000 au 31 décembre. Mais seules 54 % d’entre elles portent la production biologique, car la moitié des conversions sont récentes ou partielles.

« L’agriculture biologique n’a donc pas été touchée par la baisse de plus de 20 % du nombre d’exploitations constaté ces dix dernières années, d’après les chiffres du dernier recensement de l’agriculture », a souligné François Thiery, président de l’Agence Bio, par ailleurs très confiant sur le sort qui sera réservé à l’agriculture biologique par la réforme de la Pac de 2014. Mais la conversion est majoritairement le choix d’exploitants installés. Peu d’installations de jeunes agriculteurs sont dénombrées. Elles ont davantage hors cadre familial que dans l’agriculture conventionnelle mais l’Agence Bio ne dispose pas de statistiques précises à ce jour. Toutefois, la volonté politique de la région Bretagne conduit cette région à se distinguer avec près de 20 % des nouvelles installations en parallèle avec le développement des circuits courts.

Restauration collective Le bio commence seulement à conquérir la restauration collective. Les achats de produits biologiques sont nette progression en pourcents (+ 200 % depuis 2088) mais en valeurs, ils ne représentent qu’une part infime du chiffre d’affaires de la filière avec 130 millions d’euros en 2010, soit 1,8 % des livraisons de denrées alimentaires. En fait, un restaurant collectif sur 2 propose des produits bio au menu, en majorité dans le secteur public. Et lorsqu’ils sont introduits, la part de ces produits est dorénavant de 11 % et même 20 % pour les produits frais. Aussi, une fois franchie le seuil des cuisines, les produits biologiques trouvent leur place.