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L’idée de mettre en place une gouvernance mondiale des marchés fait ainsi son chemin. Elle viserait par exemple à concentrer et à comparer les informations émanant des différents organismes de prévisions économiques et conjoncturels, afin de disposer de données réalistes sur les stocks mondiaux de produits agricoles, sur les appels d’offres ou encore sur les récoltes attendues sur les cinq continents.
La mise en place de mécanismes de prévention et d’alerte des crises
Ce besoin de transparence fait partie des huit recommandations d’un pré-rapport collectif, présenté en mars et piloté par le ministère français de l’Agriculture en charge de la présidence G20 « agricole ». Sa version définitive est prévue pour juin.
Ces huit recommandations s’inscrivent toutes dans la continuité des quatre propositions de travail formulées en janvier dernier. De la transparence des marchés recherchée et de leur meilleur fonctionnement découleraient la mise en place de mécanismes de prévention et d’alerte des crises
Bruno Le Maire poursuit ses consultationsLe ministre de l’Agriculture a reçu hier le 13 avril des représentants des organisations professionnelles agricoles, des organisations non gouvernementales mobilisées en faveur de la sécurité alimentaire et du développement et des entreprises liées à l’agriculture, dans le cadre de la Présidence française du G20.Ces organisations sont associées à la préparation de la Présidence française du G20 par le ministère de l’Agriculture. |
Ces stocks régulateurs ne seraient en aucun cas des stocks de dégagement des surproductions des grands pays exportateurs, comme ce fût le cas par le passé, mais des stocks alimentés par les producteurs locaux, ce qui exige une organisation de marché appropriée avec des prix incitatifs. Il reviendrait au Pam d’en préciser leur localisation.
Mettre en place une gouvernance des marchés mondiaux plus harmonieuse
Prises dans leur ensemble, ces huit recommandations pourraient contribuer à mettre en place une gouvernance des marchés mondiaux plus harmonieuse. Avec comme difficulté majeure à surmonter, celle de ne pas aboutir à une gestion administrative des marchés dont aucun pays ne veut.
L’objectif affiché est ambitieux, voire quelque peu idéaliste, mais les gouvernements sont semble t-il convaincus d’une chose: la situation doit évoluer. C’est pourquoi la voulant ouverte, la présidence du G20 associe pour réaliser le rapport de juin prochain, les délégations des pays membres, l’Union européenne mais aussi neuf organisations internationales. Des délégations de pays non membres sont aussi consultées.
Donner aux producteurs un minimum de lisibilité aux marchés
Le succès du G20 « agricole » de juin prochain reposera sur l’adoption à l’unanimité, par les gouvernements, d’une série de propositions, aussi minime soit-elle, ou d'une série de mesures. Sinon, c’est l’échec assuré. Autrement dit, ce n’est pas tant en juin prochain le nombre de résolutions qui détermineront l’ampleur du succès du G20 mais les quelques mesures au final retenues. Elles symboliseront la nouvelle voie engagée pour améliorer le fonctionnement des marchés de produits agricoles. Et surtout, elles constitueront un signal fort envoyé aux marchés par les gouvernements du G20 de vouloir mettre fin à l’absence de régulation.
Favoriser l’investissement agricole privé, voire public, suppose d’avoir auparavant réuni les conditions pour donner aux producteurs un minimum de lisibilité aux marchés. C’est justement l’enjeu du G20 « agricole ». L’expérience passée a montré que les agriculteurs ont de tout temps refusé d’investir si les marchés représentent une trop grande prise de risque pour assurer un minimum de revenu et pour rentabiliser leurs investissements, mêmes minimes.
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