Le Cruiser sur le colza interdit par Stéphane Le Foll

Le Cruiser sur le colza interdit par Stéphane Le Foll

Stéphane Le Foll, ministre de l'Agrculture annonce l'interdiction du Cruiser.
Stéphane Le Foll, ministre de l'Agrculture, annonce
l'interdiction du Cruiser. (© Terre-net Média)

« Il serait nécessaire de réitérer les expériences réalisées dans les études, en prenant en considération d’autres niveaux d’exposition et d’autres situations ». Mais Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, n’attend pas les résultats des nouvelles recherches nécessaires et prodiguées par l’Efsa (1) à Bruxelles, et même par l’Anses  (2) en France, sur les conséquences de l’exposition des abeilles au Cruiser pour prendre la décision ce 1er juin d’en interdire l’utilisation sur les semences de colza, à trois mois du début de la campagne d’ensemencement, à la fin du mois d’août prochain.

Le Cruiser trouble le comportement des abeilles

Dès la remise du rapport de l’Anses  par Marc Mortureux, directeur général, le ministre de l’Agriculture a annoncé que « dans la responsabilité qui est la mienne, je demande de retirer du marché le cruiser par enrobage du colza ». Stéphane Le Foll prend très au sérieux les résultats des études scientifiques réalisées conjointement par l’Anses et l’Inra. Elles montrent que le phytosanitaire absorbé par les abeilles dans les plantes nectarifères, comme le colza, trouble leur comportement. De nombreuses d’entre-elles ne reviennent pas vers leur ruche après avoir butiné. Et lorsque d'autres y parviennent, les effets combinés d’agents viraux et parasitaires au Cruiser absorbé détruit les populations des colonies.

Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture et Marc D  remettant le rapport de l'Anses.
Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture et Marc Mortureux remettant
le rapport de l'Anses. (© Terre-net Média)

L’Efsa, ne met pas en doute ces observations. Mais ils ont été mis en évidence dans des laboratoires. Et les troubles du comportement des abeilles ont été observés sur des animaux qui ont consommé une quantité totale de substance active à des doses trois ou quatre fois plus fortes qu’en conditions réelles et dans un intervalle de temps relativement court plutôt. Une conclusion que ne dément pas sur le fond Marc Mortureux de l’Anses, qui envisage la poursuite des recherches dans des conditions d’expérimentation plus proches de la réalité.

Le ministre de l’Agriculture pense qu’à trois mois de la nouvelle saison d’ensemencement du colza pour 2013, sa décision n’indisposera pas les agriculteurs. Selon lui, les producteurs de semences ont le temps de trouver des alternatives au Cruiser pour que les agriculteurs aient des graines saines et de qualité, aptes à générer des plantes productives. Il existe, toujours selon le ministre de l’Agriculture, une trentaine de produits alternatifs sur le marché pour protéger les cultures de colza.

650.000 ha de colza en jeu

Par ailleurs, « dans l’attente de ces travaux, il m’apparait également nécessaire de demander immédiatement à la Commission européenne de réexaminer les conditions d’approbation de la substance active (du Cruiser) pour son utilisation en traitement des semences de colza », a déclaré le ministre de l’Agriculture.

Semaine européenne de l’abeille et de la pollinisation

A l’approche de Rio +20, la première édition de la Semaine Européenne de l’abeille et de la pollinisation est organisée à Bruxelles au Parlement Européen du 3 au 6 juin 2012.
Le Réseau Biodiversité pour les Abeilles et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement entendent mettre la santé des abeilles, la biodiversité et le maintien du service de la pollinisation au coeur des débats sur l’avenir de la Pac et sur les politiques environnementales européennes.

Stéphane le Foll pense que la démarche de la France fera évoluer les positions des Vingt-sept sur ce sujet. Et si l’interdiction des molécules incriminées est approuvée, la décision de la France ne constituera pas pour les agriculteurs une source de distorsion vis-à-vis de ses voisins.

Jeudi 31 mai, le groupe suisse Syngenta n’a pas attendu la décision de Stéphane Le Foll pour donner une idée de la portée de la décision ministérielle avant même qu’elle soit connue. « La contribution du Cruiser® Osr à la filière colza et à l’économie française est estimée cette année à plus de 100 millions d'euros ». Avec 650.000 hectares de colza protégés, soit près d’un hectare sur deux, « la situation en France confirme ce qui a déjà été constaté en Europe où Cruiser® Osr a démontré son utilité sur plus de trois millions d’hectares de colza sans incident ».

« La floraison du colza particulièrement longue cette année (6 à 7 semaines) s’achève. Et à notre connaissance, aucun cas de mortalité de colonies d’abeilles lié à Cruiser® Osr n’a été signalé ».

« Sa facilité d’emploi et ses performances conduisent donc naturellement 85 % des agriculteurs l’ayant choisi en 2011 à vouloir le réutiliser ».

Premières réactions

La Coordination Rurale et l'Organisation de Producteurs de Grains « s'étonnent qu’une autorisation de mise sur le marché (Amm) qui a été délivrée il y a un peu plus d'un an, puisse être retirée en aussi peu de temps ».
« Si ce produit était toxique, pourquoi a-t-il été autorisé ? Si au contraire il ne l'est pas, pourquoi le retirer ? Surpuissance des environnementalistes ou surpuissance de la phyto chimie ? »

Syngenta « dénonce une décision qui utilise comme prétexte une seule expérience non validée et très éloignée de la pratique agricole pour retirer l’autorisation de Cruiser® Osr, en totale contradiction avec les observations terrain en France et en Europe ».

Mise à jour le 5 juin 2012

La confédération paysanne « accueille favorablement l'annonce faite par le Ministre de l’agriculture d'un retrait de l'Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) pour le Cruiser OSR sur colza. Cependant, au-delà du seul Cruiser OSR, tous les produits à base de néonicotinoïdes doivent être interdits ».
« Il existe des alternatives à l’utilisation des pesticides, mais pas à l’action des insectes pollinisateurs ! »
« Face à ceux qui attisent la crainte en prédisant un retour à des pesticides plus dangereux pour pallier à la disparition du Cruiser OSR, la Confédération paysanne tient à rappeler qu'il est possible de changer les pratiques intelligemment et d’aller vers des systèmes plus propres, pour l'environnement et pour la santé des paysans. »

L’Union française des semenciers « est très préoccupée de l’incidence d’une telle décision sur les stocks de semences déjà traitées. L’impossibilité de mettre ceux-ci en marché aurait des conséquences difficiles à supporter pour certaines des sociétés concernées ».
« Si l’interdiction était confirmée, l’industrie semencière s’interrogerait sur les orientations politiques souhaitées en termes de recherche, de ré-industrialisation et d’excellence technologique pour une filière contribuant pour 600 millions d’euros d’excédents à la balance commerciale française. »

 

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