![]() Même si la population agricole ne représente que 3 % de la population active française, l'avenir des campagnes reste essentiellement conditionné à la dynamique du secteur agricole. (Terre-net Média) |
Pour les deux sénateurs, qui ont présenté leur rapport d’information mercredi 23 janvier 2013, les campagnes françaises filent tout droit vers un « scénario noir » d’ici 2030-2040, car leur avenir est « singulièrement assombri par la crise économique et budgétaire. » Acteurs centraux de la dynamique des campagnes, les agriculteurs ne sont évidemment pas épargnés.
Au rang des tendances négatives, les rapporteurs citent notamment l’artificialisation des sols, avec « un mitage directement préjudiciable aux paysages » et entraînant une hausse des dépenses énergétiques et de transport qui précarise, in fine, une population de primo-accédants à faibles revenus.
Le détricotage de la Pac menace les campagnes
Ils dénoncent surtout le détricotage de la Pac, au détriment des agriculteurs « exposés à la concurrence mondiale ». Face aux difficultés rencontrées par les éleveurs, les sénateurs s’inquiètent de la concentration des exploitations et, surtout, de la menace d’une spécialisation territoriale des productions.
Au-delà de ce constat, l’avenir des campagnes tient beaucoup à l’avenir des agriculteurs, la délégation sénatoriale à la prospective en convient. Sauf que les propositions des sénateurs pour améliorer les perspectives agricoles de nos territoires restent bien minces.
Ainsi, dans leur « scénario souhaitable », les sénateurs semblent en phase avec "Produisons autrement", le cheval de bataille de Stéphane Le Foll : « A côté des filières biologiques et des circuits courts qui poursuivent leur essor, les nouvelles pratiques agricoles, telle que l’agriculture intégrée, se diffusent pour les productions de masse, sans compromettre la rentabilité de la ferme France ». Pour eux, cette tendance devra s’accompagner de politiques de labellisation créatrices de valeur, afin que l’agriculture française maintienne son niveau de compétitivité.
Planification foncière ambitieuse
Les deux sénateurs croient aussi au développement de filières de méthanisation territorialisées, pour contrer la hausse assurée des coûts de l’énergie et des intrants.
L’avenir de nos campagnes sera surtout conditionné à l’évolution de la gestion du foncier agricole. Les sénateurs plaident pour une véritable « planification foncière, exhaustive et ambitieuse » avec au préalable la généralisation et la pérennisation de documents d’urbanismes tels que les Scot et les Plu. Et il faudra, tôt ou tard, tenir compte de la valeur agronomique des terres agricoles susceptibles d’être urbanisées pour artificialiser en priorité celles qui ont les plus faibles potentiels.
Reste que les sénateurs sont conscients que l’avenir de nos campagnes se jouera d’abord, et très prochainement, par les évolutions à venir de la Pac. Mais les élus se sont bien gardés de prendre franchement position pour un quelconque changement de cap. « Le verdissement de la Pac doit se poursuivre avec une inflexion vers le développement rural, plutôt qu’un strict soutien direct à la production », écrivent-ils dans leur rapport. Mais, précisent-ils, « il faudra conserver un premier pilier fort » pour que l’agriculture française reste dans la course à la compétitivité.