Philippe Mangin, président de Coop de France (à droite) et son directeur. (©Coop de France)L'équation est simple. « Compétitivité = emploi ». Car pour Coop de France, le maintien et le développement de l’emploi des 2.850 entreprises coopératives dépendent de leur capacité à retrouver des marges de compétitivité. Or deux mois après la signature de l’accord-cadre en faveur de l’emploi, qui porte sur plus de 40.000 emplois pour l’ensemble des filières de la production et de la transformation (coopératives et entreprises privées), les conditions ne sont pas remplies pour que les objectifs fixés puissent être atteints.
Les coopératives affirment jouer le jeu sur le front de l’emploi, mais pas le gouvernement sur celui de la compétitivité.
Des craintes sur l'avenir
En fait, en cette période de rentrée, Philippe Mangin, président de Coop de France ne perçoit quasiment aucun signe qui augure une amélioration de la situation économique des coopératives dans les prochains mois.
La Pac « est enfermée dans sa politique de redistribution des aides », affirme t-il, « sans tenir compte des maigres résultats du bilan de santé de la Pac ». Et le projet de loi d’avenir pour l’agriculture n’apporte aucune réponse aux défis que les entreprises agricoles et les coopératives doivent relever. Aucun volet sur la recherche et les biotechnologies ! « Tout porte à croire que le produire autrement conduira d’abord à produire encore moins ». Faute d’offre, les entreprises de transformation sont en surcapacité !
Par ailleurs, aucune amélioration des rapports entre les entreprises de la transformation et la grande distribution ne permettent d’imaginer une meilleure répercussion des coûts de production sur les prix de vente payés par le consommateur, ce qui donnerait aux coopératives les moyens d’investir.
Toutes les tentatives menées pour faire évoluer la situation sont vaines car « Bercy, de droite comme de gauche, est toujours du côté de la distribution ».
opposition à l'ecotaxe
Enfin, à quelques jours de l’ouverture de la conférence environnementale et de la présentation du projet de loi de finances pour 2014, les coopératives sont en alerte. Elles craignent l’instauration de nouvelles taxes qui s’ajouteraient à l’écotaxe prélevée au début de l’année prochaine. Coop de France dénonce le coût onéreux de sa mise en œuvre et son montant qui ne pourra qu’augmenter d’année en année.
Résultat, cette taxe « conduira davantage à pénaliser les transports régionaux de marchandises que la circulation des poids lourds sur de grands trajets » explique Coop de France. Autrement dit, en matière de pollution, l’écotaxe produira les effets contraires à ceux recherchés, à savoir la réduction de l’empreinte carbone (Coop de France diffusera prochainement des simulations pour illustrer l'ensemble de ses propos).
En fait, ce n’est pas la suppression de la taxe que revendique Coop de France, puisqu’elle a été instaurée dans d’autres pays européens, mais l’ensemble du dispositif actuel mis en œuvre pour la calculer et la percevoir.
Le Cice profitera-t-il aux coopératives ?
Le moral des coopératives est d’autant plus bas en cette période de rentrée que les promesses faites ne sont pas prêtes d’être tenues. Elles s’impatientent de savoir quand elles pourront bénéficier du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (Cice) qui réduira leur masse salariale de 4 % environ dès cette année et de 6 % à partir de 2014. Certes la Commission européenne à Bruxelles tarde à donner son aval mais le ministère des Finances est-il vraiment motivé pour que le Cice profite aux coopératives ? se demande Philippe Mangin.
Pour le président de Coop de France, notre pays a tous les atouts pour doubler son solde commercial agroalimentaire à l’export (11 Mds d’€ actuellement) mais également pour être aussi compétitif que ses partenaires européens, qui sont ses principaux concurrents mais la France produit moins et perd des marchés et des emplois !
Un espoir cependant vient d’Allemagne. Un salaire minimum sera fixé prochainement avec pour conséquence la fin amorcée d’un dumping social des entreprises de transformation et d’abattage allemandes. En effet, actuellement elles peuvent payer leurs salariés que quelques euros par heure.
Voir aussi l'interview de Philippe Mangin sur le plateau de la Space Web TV :
Philippe Mangin : « L’écotaxe est irrecevable pour les filières agricoles »