La betterave face au règlement sucre post-2014

La betterave face au règlement sucre post-2014


Eric Lainé, président de la Cgb : « Nous pourrions retrouver
notre place sur le marché mondial ». (© Terre-net Média)

« L’ouverture des frontières aux importations de sucre en provenance des pays Acp/Pma, qui pourrait menacer l’équilibre du marché de l’Union européenne » inquiète la Confédération générale des planteurs de betteraves (Cgb).

Cependant, l’attractivité de nos marchés dépend du prix mondial du sucre, des taux de change mais aussi des coûts de production au sein de ces pays, de leurs prix intérieurs, ainsi que des coûts du fret maritime et des cours du marché européen.

« Il y a dix ans, je n’aurais jamais cru que la France puisse concurrencer le Brésil », s’exclame Alain Jeanroy, directeur général de la Cgb. « Pourtant, les coûts de production brésiliens ont plus que doublé en dix ans et l’écart de compétitivité se réduit. Le Brésil contribuant à plus de la moitié de l’approvisionnement du marché mondial, les cours mondiaux sont sensés au moins couvrir ses coûts de production. » Les cours mondiaux ne devraient donc pas redescendre et pourraient devenir plus attrayants que ceux pratiqués sur le marché européen.

Prix objectif de 450 €/t

La hausse des coûts de production au Brésil, favorable à des prix mondiaux du sucre élevés, et à l’inverse la baisse des cours européens, jouent en faveur du marché européen, qui devient moins attrayant et donc moins sujet aux déséquilibres. Une bonne nouvelle pour la filière betteraves, confiante quant à la tenue de ces fondamentaux à condition de conserver un prix de marché peu attractif pour les pays tiers par rapport au marché mondial. La filière se fixe l’objectif de 450 €/t à maintenir sur le marché européen. À l’heure actuelle, les prix mondiaux dépassent les prix de l’Union européenne, ce qui a permis de ne pas atteindre les niveaux d’importation redoutés.

Éric Lainé, président de la Cgb, évoque d’ailleurs le travail mené par la filière avec l’Inra pour augmenter la productivité de la betterave et la compétitivité de la France face aux autres producteurs mondiaux. « Nous lançons, en partenariat avec l’Inra, une recherche sur le génome de la betterave. » L’utilisation du marquage moléculaire permet d’accélérer le processus de création variétale grâce à la sélection des gènes les plus intéressants. En attendant le développement de variétés plus productives, la France doit maintenir ses outils de régulation que sont les quotas et le prix minimum garanti. « Il n’existe aucune raison objective en faveur de la suppression de nos outils de régulation sauf s’ils nous empêchaient d’accéder au marché mondial. Mais pour l’instant, nous n’y sommes pas compétitifs. »

Stop aux concessions bilatérales

 

10 % de bioéthanol dans les essences d’ici 2020

La France vient d’arrêter son plan d’action visant à atteindre l’objectif de 10 % d’énergie renouvelable dans les transports automobiles d’ici 2020. La totalité de cet objectif sera satisfait par les seuls biocarburants. Pour l’atteindre, la France devra généraliser rapidement le SP95-E10 et pouvoir passer au SP95-E15 à partir de 2015. La filière FlexFuel, qui utilise l’E85 devra tabler sur 200.000 véhicules en 2015, contre 14.000 aujourd’hui. Au niveau européen, la consommation d’éthanol atteindra 135 millions d’hectolitres en 2020 contre 45 millions aujourd’hui.

Du point de vue de la fiscalité, la taxe sur le bioéthanol s’élèvera à près de 47 centimes par litre contre 60 centimes par litre d’essence. Cependant, à distance égale, un véhicule consomme plus d’éthanol que d’essence, ce qui revient à taxer l’éthanol à 62-63 centimes... Alors que l’État annonce vouloir taxer le bioéthanol au même niveau que l’essence, la filière attend une prise de position claire sur ce dossier.

Éric Lainé dénonce cependant « une production européenne en permanence prise comme variable d’ajustement des accords commerciaux internationaux. » Alain Jeanroy constate que « pour autant la Commission européenne n’entend pas stopper sa politique d’ouverture des marchés et multiplie les initiatives bilatérales ».

 

Ainsi, les accords conclus avec l’Amérique Centrale, essentiellement au bénéfice du Guatemala, et les pays du Pacte Andin conduisent à abandonner près de 300.000 t avec une clause d’augmentation de 3 % par an. « C’est l’équivalent de la production d’une grosse sucrerie qui vient d’être ainsi concédé », déplore Alain Jeanroy. D’autres accords concernent l’Ukraine, l’Afrique du Sud, le Mercosur. « Davantage de concessions commerciales pourraient affaiblir notre filière et remettre en cause la sécurité alimentaire de l’Union. »

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