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« Pierre Toussaint » : Les marchés ne sont pas dépendant que des fondamentaux. Il faut donc prendre du recul par rapport aux conditions actuelles. Ne rien avoir vendu aujourd'hui est une erreur. Cette erreur peut être rapidement corrigée, en vendant jusqu' à 30 à 50 % de sa production, pour partie en prix construit (formule acompte + complément) et pour partie en prix ferme avec pourquoi pas l'achat d'options). Notre réflexion : si les prix d'aujourd’hui représentent les moins bonnes ventes de la campagne pour le producteur, c'est vraiment le mieux qu'il puisse lui arriver !
« Stef.d » : Que pensez-vous de l’évolution des cours du blé pour la fin de saison 2011? Est ce que les stocks publiés par France Agrimer n’alimentent pas la spéculation ?« Gilles Girault » : France Agrimer a publié des stocks de report de 2.300.000 T de Blé tendre, 2.500.000 T de Maïs et 1.900.000 T d'Orge. En Orge et Maïs ces stocks correspondent à peu près aux stocks outils et sont donc relativement neutre sur le marché. En blé ils traduisent une situation un peu tendue mais déjà connue depuis de nombreux mois, et donc déjà intégrée dans les prix. Pour beaucoup d'industriels, les approvisionnements sont terminés, la logistique est bouclée et la campagne est donc terminée. L'activité ne va porter maintenant que sur de faibles volumes.
![]() Gilles Girault, directeur commercial d'Axéréal. (© Terre-net Média) |
« Gilles Girault » : La tendance dépendra des volumes des récoltes, liés aux conditions climatiques d'ici la moisson. Ce qu'on peut globalement dire (aujourd'hui), en prévoyant des rendements dans la moyenne de ces dernières années, c’est que la production toutes céréales (blé, orge, maïs) dans le monde sera équivalente aux besoins pour la consommation.
Toute déviation par rapport à cette moyenne, liée aux conditions climatiques sera source de déséquilibres. Si les conditions actuelles de manque de précipitations persiste (Europe, Usa), un effet haussier est à attendre. A l'inverse si les rendements sont meilleurs que prévu, les cours vont se détendre.
Parmi les autres éléments importants à surveiller, il y a le volume de récoltes en Russie et en Ukraine. La question est de savoir quand vont-ils réexporter ? Il y a également la stratégie des financiers qui ont beaucoup vendu ces derniers temps nos matières premières pour réinvestir dans d'autres domaines (Pétrole); vont-ils continuer ou parier à la hausse sur une reprise des cours ? Toute évolution de la récolte 2011, entrainera également une variation de la récolte 2012, cette dernière étant actuellement moins chère de 15 euros/T que la 2011.
« Riki01 » : Bonjour, avec la très forte volatilité des céréales, quand et comment faut il se positionner pour vendre le blé tendre 2011 et 2012. Quel pourcentage de sa récolte doit-on engager, quand on voit les accidents climatiques dans tous les pays ?!!!!
Merci. Eric cim 59, poly-cultures-élevage viande
PS : bravo pour vos tchats aux thèmes très intéressants, bon courage. A +
« Pierre Toussaint » : Effectivement, la volatilité des cours des céréales est aujourd'hui très forte, de l'ordre de 40 % pour le blé tendre, soit autant que les valeurs du Cac 40! Peut-être faut-il bien expliquer ce qu'est la volatilité: vous pouvez avoir un cours qui passe de 150 à 200€ entre le début et la fin de la campagne avec peu de volatilité si cette progression est constante. Inversement, vous pouvez avoir un cours qui passe de 150 à 170 € avec beaucoup de volatilité si entre temps le marché a connu un creux à 130 et un pic à 200 €/tonne.
Il faut donc bien distinguer une tendance (baissière ou haussière) d'une variation de prix imprévisible qui entraine de la volatilité. Actuellement, nos marchés étant très volatiles, il est difficile de savoir quand vendre, c'est la raison pour laquelle nous parlons beaucoup de prix campagne et d'options, ce sont deux moyens de lisser la volatilité et de sécuriser un chiffre d'affaire. En moyenne, pour la récolte 2011, l'engagement des agriculteurs est de l'ordre de 40 à 50 %. Profiter des offres sur les campagnes 12 et 13 est intéressant à condition de limiter ses engagements de l'ordre de 10 à 20 %.
Il ne faut pas attendre d'éventuelles difficultés climatiques dans tels ou tels pays pour élaborer sa stratégie de vente. Il est vrai qu'actuellement, nous sommes en plein Weather Market (les marchés sont sous l'influence des conditions climatiques qui influent l'état des cultures) et le marché réagit bien par rapport à ces conditions entre hier et aujourd'hui. Mais en fin de semaine dernière, les marchés étaient sous l'influence des financiers et des rapports économiques qui ont fait varier le marché à la baisse de manière plus violente encore. Alors oui, les accidents climatiques ont une incidence sur les fondamentaux et donc sur les cours, mais les financiers et le contexte politico-économique influent tout autant nos marchés.
Si vous souhaitez vendre en prix ferme, n'attendez pas pour le faire mais achetez, pour une partie de vos engagements, une option du type call et engagez vous pour une part significative en prix construit (prix campagne) qui reste une formule moderne et efficace pour sécuriser sa vente et profiter d'une éventuelle hausse des marchés.
« Jm » : Bonjour, faut-il acheter des calls sur novembre 2011 ? Faut-il déjà s’engager sur la récolte 2012 ? Merci
« Gilles Girault » : Oui, il est pertinent en complément de la vente de sa marchandise, en prix ferme ou en prix campagne, d'acheter des calls sur novembre 2011. Pour réduire le coût de ces options, on privilégiera des prix d'exercice décalés, supérieur au marché actuel, (entre 250 et 300 euros par exemple). Même si il n'y a qu'une chance sur deux pour que la hausse arrive, ce serait dommage de ne pas tenter d'en profiter.
Sur la récolte 2012, oui je pense qu'il est intéressant de commencer à vendre, puisque le prix de marché est supérieur aux coûts de production. En complément de la réponse sur les calls, l'intérêt de ces achats d'options est : si le marché baisse, le manque à gagner se limite au coût de l'option, si le marché monte cela permet de profiter de cette hausse.
Exemple: En complément d'une vente en prix ferme ou en prix campagne, l'agriculteur achète un call sur novembre 2011 avec un prix d'exercice de 250 €/T assorti d'une prime d’option de 10 €/T. Si entre la date de cet achat et le 15 octobre prochain le marché reste en dessous de 250 €/T, l'agriculteur n'aura pas l'occasion d'exercer son option et aura donc dépensé 10 €/T. Si durant cette même période, le marché monte à 300 €/T. A ce moment là, l'agriculteur pourra exercer son option et vendre à 300 €/T.
Ca veut dire que l'agriculteur aura acheté à 250+10=260 €/T et revendu à 300 €/T. Ceci lui permettant d'empocher un gain de 40 €/T qui viendra s'ajouter au prix de vente de sa marchandise physique.
« Roland » : Il y a quelques années, nous avons connu la même situation des marchés des céréales et on nous a confirmé que plus jamais les prix du blé allaient descendre en dessous des 150 euros/ t. Alors, à moins d'être devin, qui croire ?
« Gilles Girault » : Faire croire que le prix du blé ne peut pas descendre en-dessous de 150 €/T, ne correspond effectivement pas à la réalité, on l'a bien vu. Comme nous n'avons plus de régulation du marché par la constitution de stocks, cela est source d'une grande volatilité. Des prix très bas quand la production est supérieure à la demande, et des prix très élevés à l'inverse. Contrairement à ce qui a été à tort, énoncé plusieurs fois, ce sont ces déséquilibres entre la production et les besoins qui créent les fortes variations de prix, et donc de temps en temps des prix bas bien plus que l'intervention des financiers. Tant qu'il n'y aura pas de réel système de régulation des stocks, on peut retrouver des prix très bas et très élevés
« SJP » : Pour les ventes céréales, bourse aux grains duo: 2012-2013 qu'en pensez-vous, et en restant « sage » quel pourcentage de sa récolte peut-on engager ?
« Pierre Toussaint » : Profiter de prix historiquement élevés, sans se mettre en risque vis à vis de son rendement et de ses obligations de livraisons, donc engager 40% maximum pour avoir des alternatives sur d'autres prix ou mises en marché. Penser aux offres avec options.
« Benoit » : Quelles sont les perspectives pour la campagne 2013 et le cours des céréales ?
« Gilles Girault » : Evidement, la réponse n'est pas évidente puisque comme pour la météorologie, on a déjà beaucoup de difficultés à savoir quels seront les prix dans quinze jours ou dans trois mois. C'est pour cette raison que chez Axereal nous proposons déjà aux agriculteurs de fixer leurs prix de vente sur cette campagne. Ces prix permettant déjà de dégager une plus-value par rapport aux coûts de production. Ce que l'on peut néanmoins préciser, c'est qu'en tendance longue, les marchés devraient en moyenne progresser en raison de l'augmentation structurelle de la demande. Mais c'est en moyenne, cela n'empêchera pas que la volatilité restera élevée. Ce qui veut dire qu'on peut retrouver des prix bas au cours de certaines campagnes, et donc à ce titre 2013 a autant de chance que les autres d'en faire parti.
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