« La ferme que nous exploitons mon mari est moi compte 105 ha de cultures pour 150 vaches laitières, commence Katherine Lecornu, éleveuse dans le Calvados. Dès notre installation en 2001, nous avons fait le choix de privilégier le troupeau et de déléguer les travaux dans les champs à des entrepreneurs locaux. Le lait constitue notre principale source de revenu, il est donc normal que nous nous concentrions sur cet atelier. »
Actuellement, l’exploitation fait appel à quatre entrepreneurs de travaux agricoles (ETA) différents qui réalisent toutes les préparations de sol, les semis, la fertilisation, les épandages, les traitements et la récolte. En plus de leur rôle de prestataires, ils apportent aussi leur expertise. « L’ETA qui sème nos parcelles assure aussi le suivi après la levée, ajoute Katrine. Il nous appelle quand il estime qu’un traitement ou une fertilisation est nécessaire, alors que ce n’est pas lui qui réalise ces travaux. Son expérience est précieuse autant que les conseils du technicien de notre coopérative. Il nous fait aussi gagner beaucoup de temps. Et nous restons décisionnaires de nos interventions selon nos objectifs. »
Revente du matériel de la ferme
La majeure partie du matériel présent sur la ferme au moment de l’installation a été vendue. Il reste deux anciens tracteurs, un McCormick vieux d’une quarantaine d’années et un Renault de 1993 affichant plus de 10 000 h au compteur. Le premier sert tous les jours pour racler la stabulation. Le second fonctionne plus occasionnellement pour tirer une benne à l’ensilage. L’exploitation possède cependant un chargeur télescopique de 130 ch et un godet dessileur de 2,6 m3 pour la manutention et la distribution de l’aliment. Les époux Lecornu ont opté pour un godet plutôt que d’investir dans une remorque mélangeuse qui les aurait obligés à disposer d’un tracteur supplémentaire pour la tirer. Economiquement, ce choix est payant. Le coût de distribution sur leur ferme est d’environ 17 € pour 1 000 l de lait, là où d’autres équipés de remorques mélangeuses en propriété individuelle se situent souvent entre 20 et 25 €/1 000 l. Le télescopique travaille près de 1 000 h par an. Il est renouvelé tous les 5 à 6 ans.
Ne jamais négliger son coût de main-d’œuvre
« Je vois encore beaucoup d’agriculteurs qui s’équipent en se disant qu’un achat revient moins cher qu’une prestation par un tiers, témoigne Katrine Lecornu. Mais souvent ils ne comptent pas le temps passé dans leur estimation. C’est une erreur ! Il ne faut jamais négliger son propre coût de main-d’œuvre. C’est au moment du bilan annuel que l’on s’en rend compte, en divisant le revenu par le temps réellement passé.
Aujourd’hui, nous sommes satisfaits de notre organisation. Grâce à la délégation, nous nous concentrons sur notre métier d’éleveurs, sans avoir à courir partout au détriment des animaux ou bien de notre vie familiale. Les travaux des champs sont bien menés, par des gens souvent autant passionnés de leur matériel que nous le sommes de nos bêtes. Nous avons un coût de mécanisation estimé à 570 €/ha, main-d’œuvre comprise. Le revenu dégagé par la ferme nous permet de vivre convenablement, tout en employant un salarié et un vacher les week-ends. »
Légende Photo : Sur son exploitation, Katrine Lecornu a constaté depuis plusieurs années que la délégation de travaux était source d’économies.