Peu après 15 h, à l'appel des syndicats FDSEA et JA, une centaine d'agriculteurs et une quarantaine de tracteurs ont commencé à bloquer la N12 à la sortie est de Saint-Brieuc, bloquant cet axe emprunté chaque jour par des dizaines de milliers de véhicules. Les manifestants ont entrepris de démonter la barrière de sécurité centrale. La préfecture a mis en place une déviation empruntant des routes départementales pour éviter l'agglomération de Saint-Brieuc.
Les éleveurs tirent depuis des mois la sonnette d'alarme en raison des cours trop bas, inférieurs aux coûts de production, auxquels le porc, le lait et la viande bovine sont achetés par les industriels de la transformation. De nombreux agriculteurs en faillite sont contraints de mettre la clé sous la porte et les spécialistes considèrent qu'en moyenne, une exploitation génère sept emplois (y compris ceux en amont et en aval de l'élevage).
Alors que le gouvernement explique ne pas pouvoir aider davantage les producteurs français en raison des règles européennes, les syndicats affirment à propos de leurs deux principaux concurrents européens : « L'Espagne aide ses éleveurs : pourquoi pas la France ? L'Allemagne protège ses marchés : pourquoi pas la France ? ».
Les éleveurs réclament, notamment pour le porc, un étiquetage mentionnant l'origine des viandes utilisées dans les produits transformés qui sont majoritairement fabriqués à base de porc d'importation, et sur lesquels est uniquement mentionné, conformément à la législation : « transformé en France ».
Les agriculteurs ont l'intention de maintenir leur blocage au moins jusqu'à samedi, ont fait savoir les syndicats, qui réclament la venue du Premier ministre, Manuel Valls. « Valls, tu nous aimes, viens nous le dire ici et maintenant », ont-ils écrit dans un tract. « Nous l'avions rencontré l'an dernier et rien n'a changé depuis », a déclaré à l'AFP un représentant syndical.
« La FDSEA et les JA des Côtes d'Armor (...) exigent, compte tenu de l'urgence, des résultats immédiats pour le versement pour tous des 100 % des aides Pac 2015, le lancement de la réorganisation de la filière porc et l'engagement de tous les opérateurs, l'engagement des distributeurs et des industriels pour que les négociations commerciales en cours se fassent dans le respect du travail des agriculteurs, toutes productions confondues : respect d'un prix équitable au producteur, respect de la qualité "origine France", respect de la transparence sur la répartition des marges tout au long de la filière », indique un communiqué. « Sans réponse, le blocage pourrait durer plusieurs jours », avertissent les syndicats.
Le nouveau collectif indépendant "Sauvons l'élevage français" (SEF), qui a choisi comme emblème un bonnet rose, n'est pas associé à cette manifestation, « organisée par les syndicats », mais « laisse à chacun de ses membres le choix de se déterminer » par rapport au blocage de mercredi, a déclaré à l'AFP Olivier Etienne, un des porte-parole de SEF, qui participera à titre personnel à cette manifestation. Une partie des membres du nouveau collectif sont aussi adhérents à la FDSEA ou aux JA.
Pour le premier rassemblement public organisé par SEF, jeudi dernier, un millier de producteurs, principalement de porcs, s'étaient réunis à Plérin, près de Saint-Brieuc.
La dernière cotation du porc, lundi, au marché au cadran de Plérin, qui fixe le prix de référence au plan national, s'est établie à 1,08 euro/kg. Pour équilibrer leurs comptes et espérer se rémunérer, les éleveurs auraient besoin d'un prix de 1,40 euro/kg au minimum.
A Quimper, environ 130 agriculteurs venus avec une quinzaine de tracteurs ont également manifesté mercredi devant la préfecture du Finistère à l'appel des JA. Ils ont déposé des bottes usagées devant la représentation de l'État pour symboliser qu'ils en ont : « Plein les bottes ».