Débutés mercredi vers 14 h dans le Nord et le Pas-de-Calais, ces blocages devraient se poursuivre « jusqu'à la fin d'une réunion avec les acheteurs des différentes enseignes » ce jeudi vers 14h30 à Saint-Laurent-Blangy, près d'Arras, « si ça se passe bien », a confié à l'AFP Eric Taisne, responsable de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) du Nord. Les préfectures du Nord et de l'Oise ont confirmé ces blocages, alors que celles de la Somme et du Pas-de-Calais n'étaient pas encore en mesure de le faire à 11 h.
Entre 20 à 30 agriculteurs, selon Eric Taisne, bloquaient avec des tracteurs cinq plateformes dans le Pas-de-Calais, trois dans le Nord, deux dans l'Oise et trois dans la Somme, empêchant les camions de les réapprovisionner. Certains ont déversé du fumier. Les magasins - Auchan, Lidl, Leclerc ou encore Intermarché - restaient cependant ouverts.
« Depuis hier, plusieurs consommateurs mais aussi des employés des plateformes viennent nous apporter leur soutien », a affirmé le syndicaliste. « Nous n'exigeons pas qu'ils augmentent absolument leurs prix, ce qui se répercuterait sur les consommateurs, mais qu'ils payent les producteurs à leur juste valeur. Dans ce cas, il faut en effet qu'ils baissent leurs marges », a-t-il poursuivi.
Dans un communiqué, le syndicat agricole avait estimé mercredi que la « guerre des prix » affectait fortement le niveau de vie des agriculteurs. « En tant qu'acteur de la mise en marché de nos produits, la grande et moyenne distribution (GMS) porte une part de responsabilité dans la juste répartition des marges tout au long de la filière. Par la guerre des prix que les enseignes se livrent entre elles et la politique du "toujours moins cher", les GMS affament le producteur, premier maillon de la filière, pourtant à l'origine de la valeur de ces produits. »
En Bretagne, où des actions de blocages similaires se sont succédé depuis dimanche, deux plateformes étaient toujours bloquées, l'une en Ille-et-Vilaine, à Argentré-du-Plessis (Intermarché), la seconde dans les Côtes-d'Armor, à Rostronen (Intermarché), selon la préfecture de Région. Les agriculteurs qui menaient des actions au niveau des plateformes logistiques en Ille-et-Vilaine, à Liffré (Lidl), Gaël (Casino) ont été évacués.
En milieu de journée, quelque 200 personnes à bord d'une centaine de tracteurs se sont rassemblées à Bain-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine), en présence de plusieurs élus. Cette action intervient au lendemain d'importantes manifestations à Pontivy (Morbihan), où quelque 500 personnes selon la préfecture, ont déversé, avant de les incendier, le contenu de dizaine de remorques remplies de paille, de pneus ou de déchets divers devant la sous-préfecture et la trésorerie générale. Au même moment dans la nuit de mercredi à jeudi, des tonnes de pneus, bottes de foin, de détritus divers étaient aussi déversées devant l'entrée de la Scarmor, la centrale d'achats de Leclerc dans l'agglomération brestoise. Des manifestants se sont introduits dans la chambre froide, ont rapporté des sacs de poulets congelés originaires du Danemark et du lisier a été déversé sur le parking, a constaté un correspondant de l'AFP.
Enfin, à Blois (Loir-et-Cher), 200 manifestants, à bord de 65 tracteurs selon la police, étaient rassemblés jeudi après-midi devant la direction départementale du Territoire. Ils ont lâché une dizaine de porcelets et autant de pintades et scandaient des slogans tels que « Le Foll démission », « Soutenez-nous, mangez français» ou « Les naufragés sont dans le pré. »