« Il y a aujourd'hui des industriels qui ne publient pas leurs comptes. Comme le mastodonte laitier Lactalis, et Bigard, le géant français de la viande. Donc ils peuvent toujours nous dire que c'est la faute de la grande distribution, on perd de l'argent, etc (...) On ne sait pas s'ils disent vrai », explique Stéphane Le Foll au quotidien. « Ce n'est pas légal mais les sanctions qui sont payées quand ils ne publient pas leurs comptes sont tellement faibles qu'ils choisissent de ne pas les publier », poursuit le ministre qui annonce que la loi Sapin 2 « va augmenter les montants des sanctions. Et raccourcir la procédure ». « Par ailleurs, on va aussi modifier la loi de modernisation de l'économie afin que le prix payé au producteur figure désormais dans les contrats », a ajouté Stéphane Le Foll.
Interrogé sur RTL, le ministre des Finances Michel Sapin a confirmé que des dispositions seraient introduites dans son texte de loi afin de « redonner de la transparence » aux négociations sur les prix dans la filière agricole. « Il y a quelques années, sous une autre majorité, des réformes ont été introduites dans une loi qui fait que les forts sont devenus plus forts et les faibles, dont les agriculteurs, sont devenus plus faibles », a souligné Michel Sapin. « C'est une des causes aujourd'hui de la très grande difficulté sur les prix, sur les capacités à négocier entre les éléments de la filière. Donc il faut rééquilibrer cela. Il faut redonner de la transparence, qu'on comprenne exactement où sont les marges, qui fait des marges », a-t-il poursuivi.
Les négociations tarifaires entre la grande distribution et ses fournisseurs (agro-industriels et coopératives), qui se sont achevées lundi, donnent lieu chaque année à de vives tensions, et sont dans le collimateur du gouvernement. La loi sur la transparence et la modernisation de la vie économique, dite Sapin 2, sera présentée fin mars ou début avril en Conseil des ministres, et débattue au parlement « avant l'été », a assuré Michel Sapin.
Les mesures visant l'industrie agro-alimentaire ont déjà reçu le soutien du député socialiste de la Nièvre Christian Paul, chef de file des fondeurs. « Ça, je vote des deux mains », a-t-il déclaré à l'AFP lors de sa visite au Salon de l'agriculture, estimant qu'« il faut multiplier par dix ou même cinquante les pénalités » pour les entreprises ne publiant pas leurs comptes. « Il faut qu'on ait une transparence des marges », a-t-il ajouté, plaidant au passage pour « un prélèvement sur les profits de la grande distribution et des industriels pour alimenter un fonds de soutien conjoncturel à l'élevage. »
« Le gouvernement doit tout faire pour que la transparence soit réalisée », a également demandé mercredi après-midi la FNSEA dans un communiqué en réclamant « la vérité des chiffres » sur les négociations qui viennent de s'achever car « tous les chiffres circulent, toutes les spéculations aussi ». « Il ne s'agit pas de remettre en cause les clauses de confidentialité, mais en cette période de crise agricole extrême, de pouvoir juger de l'esprit de responsabilité des uns et des autres », ajoute le texte.