« Je voudrais que la LME soit amendée, via un aménagement législatif » pour favoriser le développement de la contractualisation notamment, a déclaré Serge Papin à l'AFP.
Cette révision de la LME, adoptée en 2008 et qui a libéralisé les relations commerciales entre la grande distribution et ses fournisseurs, a été brandie comme une menace il y a quelques semaines par le gouvernement et François Hollande pour forcer les distributeurs et les industriels à réformer le cadre de leurs négociations annuelles sur les tarifs des produits de grande consommation. Celles-ci, achevées depuis le 29 février, se sont conclues sur une tension accrue des rapports, sur fond de crise agricole.
Plusieurs producteurs agricoles ont dénoncé la teneur de ces négociations, accusant les enseignes de grande distribution de faire pression sur leurs fournisseurs pour obtenir des baisses de prix, au risque d'aggraver encore la situation d'exploitations d'élevage déjà au bord du gouffre.
Serge Papin, à la tête du quatrième distributeur français en termes de parts de marché et qui s'est allié à Auchan afin de négocier ses prix d'achats pour les marques nationales, a également convenu que le système réglementaire actuel « contribue à créer des rapports de force entre acteurs et un déséquilibre au détriment de la filière » agricole. Après, « cela ne veut pas dire non plus que ce déséquilibre se fait forcément au profit de la grande distribution », a-t-il ajouté, mettant implicitement en cause le rôle des industriels et des grosses coopératives.
« Il faut qu'on arrête le jeu de la destruction de valeur, et de chercher sans arrêt un bouc-émissaire, cela ne profite à personne », a-t-il estimé.
Pour lui, la réforme des relations commerciales devrait inclure la mise en place « d'une interprofession longue », rassemblant distributeurs, industriels et producteurs agricoles.
Les relations commerciales devraient passer par des systèmes de contractualisation tripartites, incluant les producteurs et faisant mention, dans les contrats de négociations annuels, du tarif qui leur sera assuré, selon Serge Papin.