Au cinéma depuis le 29 janvier
« Revenir » dans la ferme familiale n'est pas toujours facile

Un fragment de vie criant de réalisme. 
Un fragment de vie criant de réalisme.  (©DR)

 

Deux films en 2017 (Ce qui nous lie et Petit paysan), un en 2018 (Normandie nue), deux en 2019 (Roxane et Au nom de la terre) : l'agriculture et le monde rural sont devenus une véritable source d'inspiration pour le cinéma français. Avec deux long-métrages dès le premier mois de l'année 2020, ces thèmes semblent même focaliser de plus en plus l'attention des réalisateurs et scénaristes. Les vétos, en salle depuis le 1er janvier, et Revenir, sorti le 29, se partagent en effet l'affiche depuis une semaine et demie. Ce dernier dépeint lui aussi les difficultés du secteur agricole, économiques notamment, mais plus en filigrane que certains de ses prédécesseurs même si il évoque également le suicide des agriculteurs.

Le synopsis : un retour compliqué à la terre
et parmi les siens

Revenir raconte le retour dans la ferme familiale d'un fils d'exploitant, Thomas. Parti vivre au Canada, il l'a fuie pendant 12 ans, enfin surtout son père avec « qui rien n'a jamais été possible » peut-on lire dans le synopsis, et face auquel il va pourtant se retrouver. Un retour à la terre où il est né, mais dont il est désormais bien difficile de vivre (ses parents et son frère ont été obligés de vendre des parcelles et les vaches), et parmi les siens, avec lesquels il ne sera pas simple non plus de resserrer des liens distendus. D'autant que Thomas revient dans un contexte particulièrement douloureux, le décès imminent de sa mère, qui fait remonter en lui celui de son cadet. Contrairement à ce que son père veut faire croire, celui-ci ne s'est pas tué par accident, il s'est suicidé. À défaut de se réconcilier avec son père, Thomas se rapprochera de sa belle-soeur Mona et de son neveu de six ans. Une belle complicité naîtra entre lui et ce petit garçon attachant.

La bande annonce sur Youtube

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Les acteurs principaux :

Niels Schneider (Thomas), Adèle Exarchopoulos (Mona), Patrick d'Assumçao (le père), Hélène Vincent (la mère), Roman Coustère Hachez (le neveu).

Côté critique : des sujets lourds traités avec sobriété

La mort, le suicide et la douleur de ceux qui restent, les non-dits et secrets de famille entravant les relations entre les membres qui la composent, la crise agricole : dans son premier film, adapté du roman L'amour sans le faire publié par Serge Joncour en 2012, la réalisatrice Jessica Palud (ex-assistante de plusieurs réalisateurs tels que Philippe Lioret avec lequel elle a coécrit le scénario de Revenir) traite de sujets lourds avec justesse, sensibilité et retenue. Peu de personnages et d'actions, une mise en scène sobre, des décors épurés, des dialogues minimalistes mais des gestes et des regards qui en disent long : ce huis clos rural suggère plutôt qu'il ne montre à la différence d'Au nom de la terre et de Petit paysan. Se déroulant dans la Drôme en quatre jours et demi, il respecte pratiquement l'unité de lieu et de temps.

Aussi court que la durée du film (77 minutes) et son tournage (un mois), ce fragment de vie est criant de réalisme. L'histoire et les personnages se dévoilent petit à petit, tout en gardant une part de mystère pour que le spectateur puisse laisser libre court à son imagination. À l'inverse, certains regretteront de ne pas être allés suffisamment au fond des choses et de rester un peu sur leur faim.

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