620 tracteurs à Paris pour inciter le gouvernement à sauver l’agriculture

Plus de 600 tracteurs, et entre 2 000 et 3 000 agriculteurs ont manifesté à Paris sur l'esplanade des Invalides pour demander à sauvegarder les moyens de production. (©Terre-net Média)
Plus de 600 tracteurs, et entre 2 000 et 3 000 agriculteurs ont manifesté à Paris sur l'esplanade des Invalides pour demander à sauvegarder les moyens de production. (©Terre-net Média)

 

Après l’arrêt de la Cour de justice européenne (CJUE) concernant l’interdiction, pour les Etats membres, de mettre en place des dérogations à l’interdiction des néonicotinoïdes en enrobage de semences, le désarroi des producteurs français s’est déployé le 8 février, à Paris. A l’appel de la CGB, de la FNSEA Grand Bassin parisien et de sections départementales JA, 622 tracteurs et plus de 2 000 agriculteurs venus d’une trentaine de départements se sont réunis sur l'esplanade des Invalides. Un lieu symbolique, puisque situé à proximité du tombeau de Napoléon, premier à avoir lancé la culture de la betterave en France.

Soutenue par la FNSEA, la manifestation visait à alerter le gouvernement sur l’importance de « maintenir des moyens de production » pour l’agriculture française, alors que des produits phytosanitaires sont régulièrement interdits sans solution, parfois sans exigence équivalente dans les pays voisins et ce, malgré la promesse d’Emmanuel Macron de ne rien interdire s’il n’existe pas d’alternative. Car même si la suppression des néonicotinoïdes a constitué « la goutte d’eau qui a fait débordé le vase », la revendication s’avère plus générale : « nous, ce qu’on veut, c’est produire avec des moyens de production, et à partir du moment où on peut produire sans phytosanitaires, on en sortira ! », a rappelé Franck Sander, président de la CGB.

Retrouvez en vidéo les moments forts de la manifestation :

Jaunisse de la betterave : toutes les pertes seront indemnisées en 2023

Une délégation des représentants des filières et des organisations ont ainsi été reçus le matin par Marc Fesneau, ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire. « Pour 2023, à ce stade on sait qu’il n’y aura pas de solution technique en cas de forte attaque de jaunisse dans nos champs », rappelle Franck Sander. Cependant, lors du rendez-vous, « le ministre de l’agriculture s’est engagé publiquement à ce que l’ensemble des pertes de jaunisse soient prises en charge sans franchise et sans plafond », explique-t-il. Un pis-aller, en attendant que la recherche aboutisse à des alternatives économiquement viables. « On espère que d’ici 2024, 2025, nous aurons des solutions alternatives », ajoute Franck Sander, le ministre s’étant de son côté engagé à homologuer des produits nouveaux qui sont en cours au niveau européen et à accélérer la recherche.

A noter qu’à la différence d’autres pays de l’Union européenne, qui peuvent traiter en foliaire, la France a totalement interdit les néonicotinoïdes depuis la loi Pompili de 2016, et l’absence de traitement contre la jaunisse dans l’Hexagone risque donc d’accentuer le recours aux importations de sucre paradoxalement issu de betteraves traitées aux néonicotinoïdes.

Les politiques appelés à prendre « des décisions courageuses »

Au-delà des betteraviers, l’ensemble des filières agricoles étaient mobilisées aux Invalides, inquiètes des interdictions sans solutions qui se succèdent : fin de la benfluraline, indispensable au désherbage des endives, interdiction du diméthoate qui a entrainé des importations massives de cerises… Et dénonçant également les difficultés d’accès à l’eau, dans un contexte de changement climatique qui s’accélère.

L’élevage n’était pas non plus oublié, puisque « sans céréales, pas d’élevage, sans élevage pas de céréales », a rappelé Damien Greffin, président de la FNSEA Grand bassin parisien. « Dans ma région, on fait le brie de Meaux en nourrissant les animaux avec de la pulpe : sans betteraves, plus de brie », ajoute-t-il.

Les nombreux politiques présents – délégation de députés du Rassemblement national, plusieurs sénateurs Les Républicains, mais également Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France, et des représentants de la majorité comme l’ancien ministre de l’agriculture Stéphane Travert, le député Frédéric Descrozaille, ou la présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, Aurore Bergé – ont donc été incités à « prendre des décisions courageuses » pour protéger l’agriculture française. Une proposition de loi contre les surtranspositions devrait être déposée « très rapidement » à l’Assemblée, a d’ailleurs promis Aurore Bergé.

Des annonces qui ne seront sans doute pas suffisantes pour les agriculteurs, qui craignent un sacrifice de l’agriculture française sur l’autel de l’écologie, au risque de le regretter plus tard, à l'image du nucléaire aujourd'hui, a évoqué de son côté Christiane Lambert, présidente de la FNSEA. « Or on sait tous que quand une ferme arrête, elle ne reprend jamais », prévient-elle. Les syndicats ont promis de rester mobilisés sur ces questions jusqu’au salon de l’agriculture, qui ouvre ses portes le 25 février.

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