
Le sclérotinia (communément appelé « pourriture blanche ») est sans conteste la maladie dominante sur colza, et surtout la plus dommageable en cas de forte attaque, avec des pertes de rendement supérieures à 10 q/ha. Due au champignon Sclerotinia sclerotiorum, elle n’apparaît que deux ou trois années sur dix mais avec une nuisibilité élevée. Principalement localisées dans la moitié nord de la France, les attaques surviennent lorsque le printemps est doux et humide.
Printemps doux et humide : à risque
Sclerotinia sclerotiorum se conserve sur et dans le sol sous forme de sclérotes. Ces amas de mycélium compacts sont capables de germer directement sous forme mycélienne ou de donner naissance à des fructifications, les apothécies. Si au printemps la température est supérieure à 5°C et l’humidité élevée pendant environ dix jours, on peut ainsi voir apparaître ces dernières sous la forme de petits disques beiges. Situées au ras du sol, les apothécies libèrent des spores dans l’atmosphère. Chacune peut en expulser en quelques jours entre 2 et 30 millions ! Transportées par le vent, les spores atteignent tous les étages foliaires de la culture, puis l’ensemble de la parcelle jusqu’aux parcelles voisines. Elles contaminent alors rapidement les pétales des fleurs lesquelles, en tombant sur les feuilles, permettent au mycélium de coloniser le limbe puis le pétiole, et enfin la tige de la plante. Les sclérotes formés dans les tissus contaminés vont tomber au sol à la récolte et y rester pendant 6 à 10 ans : un nouveau cycle d’épidémie est alors prêt à démarrer.
Nécroses et pourritures caractéristiques
Au printemps, les feuilles en contact avec le sol peuvent aussi être infectées. Un amas mycélien blanc au collet de certaines plantes est le signe d'une attaque au niveau des racines. Sur les feuilles, le sclérotinia se reconnaît à une pourriture grise se développant autour d’un pétale. Sur la tige, des taches blanches-grises et encerclantes se développent à l’aisselle des feuilles ; nécroses et sclérotes apparaissent ensuite dans et sur les tiges, empêchant la circulation de la sève. La partie supérieure de la plante échaude (arrêt plus ou moins complet du remplissage des grains ou de leur maturation). Les siliques peuvent également être touchées : elles blanchissent et se dessèchent, avec une éventuelle formation de sclérotes. En cas d’attaque sur les hampes principales, les pertes de rendement peuvent atteindre, voire dépasser 15 q/ha.

Le stade d’intervention est décisif pour garantir la protection des colzas contre le sclérotinia. La solution destinée à lutter contre cette maladie doit être positionnée impérativement au stade G1, à la chute des premiers pétales, lorsque les premières siliques sont formées sur les hampes principales et n’ont pas encore dépassé 2 cm. L’apparition de ce stade est variable selon les variétés, les régions et le climat. Il survient généralement 6 à 12 jours après le stade F1 (début de la floraison). Il est donc nécessaire de bien surveiller l’apparition de ce stade G1. Attention à ne pas intervenir ni trop tôt ni trop tard :
- positionnée trop précocement, la protection fongicide ne permettrait de couvrir que quelques fleurs,
- positionnée trop tardivement, l’application ne couvrirait pas suffisamment les feuilles pour assurer une bonne protection.
