Toutes les réponses d'Agritel à vos questions

Sébastien Poncelet, consultant Agritel spécialiste des marchés des matières premières agricoles, a répondu aux questions des agriculteurs lors d'un tchat en direct sur terre-net.fr jeudi 12 novembre 2015 de 13 à 14 h. (©Terre-net Média)
Sébastien Poncelet, consultant Agritel spécialiste des marchés des matières premières agricoles, a répondu aux questions des agriculteurs lors d'un tchat en direct sur terre-net.fr jeudi 12 novembre 2015 de 13 à 14 h. (©Terre-net Média)

Sébastien Poncelet, consultant Agritel spécialiste des marchés des matières premières agricoles
Sébastien Poncelet, consultant Agritel spécialiste des marchés des matières premières agricoles, a répondu aux questions des agriculteurs lors d'un tchat en direct sur terre-net.fr jeudi 12 novembre 2015 de 13 à 14 h. (©Terre-net Média)

Tendances à venir pour les marchés du blé, du maïs, du tournesol, du colza ou du blé dur : retrouvez toutes les réponses de Sébastien Poncelet, expert des marchés des matières premières agricoles chez Agritel, apportées lors du tchat spécial commercialisation organisé sur Terre-net.fr jeudi 12 novembre 2015 de 13 h à 14 h.

Question de "seb" : Que faut-il retenir du dernier rapport USDA publié ces jours-ci ?

Réponse de Sébastien Poncelet : En blé, le rapport est surtout marqué par une hausse de la production européenne qui augmente de 2 Mt et qui dépasse le record de l'an passé à 157 Mt. Et ce malgré des exports optimistes, les stocks augmentent en UE. Ils sont très lourds. Il en est de même aux Etats-Unis où les stocks sont très lourds également, pour cause de mauvaise compétitivité à l'export.

Pour plus de détails chiffrés, vous pouvez vous reporter sur l'analyse quotidienne publiée sur terre-net.fr. Je vais répondre plus tard à d'autres questions concernant les autres productions.

Question de "cosi39 " : bonjour, ma question est simple : Est-ce que je dois vendre le reste de mon colza en dépôt à la coopé avant le 31 12 2015 ? Les cours du blé vont-ils monter au printemps ?

Réponse de Sébastien Poncelet : Pour le colza, la graine européenne affiche des fondamentaux très tendus. Mais ces cours peinent actuellement à progresser davantage car ils sont déjà très élevés par rapport aux produits concurrents (soja, canola canadien, huile de palme). Une poursuite de la hausse du colza n'est possible qu'à condition que ces derniers produits se mettent à progresser. C'est possible mais peu probable d'ici le 31 décembre.

Concernant le blé, la destinée des cours au printemps sera étroitement liée aux perspectives de récoltes et conditions climatiques des grands pays producteurs qu'il faudra suivre de très près.

Question de "lubran10 " : Quand est-il du cours du blé dur ? Peut-on espérer qu'il remonte dans les prochaines semaines ? Merci

Réponse de Sébastien Poncelet : Le marché du blé dur présente une situation très paradoxale : la qualité française est très bonne. Les volumes ne sont pas excédentaires, les clients, importateurs marocains, qui ont récemment acheté notre origine, en sont satisfaits... MAIS le Canada casse les prix et brade son blé dur, ce qui fait tirer les prix à la baisse. Nous serons désormais à l'affût de tout nouveau problème logistique hivernal qui pourrait arriver chez ce leader mondial (le blocage des grands lacs et du Saint-Laurent par le gel ou la saturation des voies ferroviaires sont toujours fréquentes au Canada.)

Question de "bos49 " : bonjour, le cours du maïs va-t-il augmenter dans les prochains mois ? Faut-il mettre du maïs en dépôt pour le vendre en décembre-janvier ?

Réponse de Sébastien Poncelet : La situation du maïs est très partagée, comme l'illustre la courbe des cours qui bouge très peu depuis trois mois. La récolte française et européenne est très faible et les producteurs font de la rétention.

Mais, il y a suffisamment de disponibilités sur le marché international en provenance d'Ukraine, du Brésil, d'Argentine ou des Etats-Unis pour alimenter les grands bassins de consommation européens. On attend cette année un record de 16 Mt de maïs importés dans l'UE 28, ce qui limite le potentiel de hausse des cours. Il faudrait pour cela une remontée des cours mondiaux liée éventuellement à des rétentions massives en Ukraine, aux Etats-Unis, ou a des problèmes climatiques au printemps prochain aux Etats-Unis.

Question de "fontaine" : Blé : Sommes-nous dans une tendance haussière durable sur le blé ? Ou alors est-ce que les fondamentaux lourds vont refaire leur apparition et à partir de quand ?

Réponse de Sébastien Poncelet : Pour compléter la réponse faite à "Seb": Les stocks de blé en France affichés ce matin par FranceAgriMer à 5,2 Mt sont tout simplement colossaux (du jamais vu en France), de même que ceux attendus à l'échelle européenne (on retrouve les mêmes niveaux très élevés que 2009-2010). La lourdeur des fondamentaux devrait donc rester prépondérante. Ce qui se ressent davantage sur le marché physique que sur le marché à terme, à travers des bases historiquement élevées.

Toutefois, les prix du blé européen libellés en dollar autour des 195 à 200 dollars FOB, sont déjà très faibles, ce qui limite le potentiel de baisse.

Question de "dhurtebise" : Bonjour Monsieur Poncelet. J'ai à ce jour très peu vendu de blé (en stock à la ferme) récolte 2015 : pensez-vous que d'ici la fin de l'année le matif mai 2016 peut encore monter de 10 €/tonne, pour atteindre des 200 €/tonne ? Faudra-t-il alors engager du blé récolte 2016 pour profiter de l'éventuelle hausse sur 2015 ? Que pensez-vous du futur du marché colza 2016 ? Faut-il attendre pour en vendre ou espérer une hausse ? Enfin, que pensez-vous des marchés actuels et futurs de l'escourgeon ? Je vous remercie de vos éventuelles réponses.

Réponse de Sébastien Poncelet : Pour faire suite à ma précédente réponse, le potentiel de hausse sur le marché du blé est limité (de 5 à 10 €/t peut-être) par l'extrême lourdeur des fondamentaux. La baisse de l'euro qui semble bien partie pour se diriger vers les 1,05 face au dollar, et peut-être moins encore, pourrait offrir ce coup de pouce. Autre élément de soutien possible : des mouvements de weather market hivernaux, notamment sur la mer Noire où les blés se sont mal implantés cet automne.

Pour le colza, le colza 2016 nous semble sous-évalué par rapport au colza 2015, mais également par rapport au blé 2016. De plus, les surfaces européennes qui avaient fortement baissé pour la récolte 2015 ne remontent pas pour la récolte 2016. Quant à l'Ukraine, elle connait une situation très délicate pour ses colzas et pourrait voir la récolte 2016 chuter de 30 à 40 % par rapport à 2015. Nous restons donc attentistes à ce jour.

Le marché de l'orge d'hiver est dominé depuis 18 mois par des achats massifs et records de la Chine. Les autorités chinoises veulent écouler leur stock massif de maïs et vont tout mettre en œuvre pour stopper cet afflux d'import d'orge. Cela risque de pénaliser la bonne compétitivité de nos orges d'hiver par rapport au blé.

Question de "jj " : Quelles perspectives d'évolution pour le marché du blé dur ? Un rebond des cours est-il possible dans la deuxième partie de campagne ou faut-il vendre maintenant ?

Réponse de Sébastien Poncelet : Comme expliqué à "Lubran10", seule une remontée des prix canadiens permettra au blé dur français de s'apprécier.

Question de"jj" : Le tournesol va-t-il continuer d'augmenter de manière significative dans les prochains mois ?

Réponse de Sébastien Poncelet :  Le marché du tournesol est partagé entre une situation européenne très tendue suite à une très mauvaise récolte 2015 et une récolte très favorable en Russie et encore plus en Ukraine. Les volumes mer Noire de graines et d'huile devraient approvisionner le marché européen dans les prochains mois et calmer les velléités haussières de notre tournesol national.

Question de "oheu" : peut-on toujours espérer une montée du blé dans les mois futurs. Que va faire la solution azotée ?

Réponse de Sébastien Poncelet : Pour le blé, vous pouvez vous reporter sur les précédentes réponses. Pour la solution azotée, les cours rebondissent sur les plus bas depuis 2010 en France, à cause de la baisse de la parité euro/dollar et de la hausse du prix de l'urée sur les marchés internationaux. La tendance haussière du prix de l'urée combinée à la possible baisse de l'euro face au dollar dans les prochains mois pourrait continuer d'alimenter ce rebond.

Question de "pinpin" : Bonjour, j'ai vendu ces jours du colza (397 €/tonne règlement fin de mois) ai-je, d'après vous, trop anticipé au vu du marché porteur sur colza. Une autre question : Terre-net donnait pour conseil de se couvrir sur 20 % il y trois semaines a 197 euros/tonne pour décembre 2016. Je pense qu'il est judicieux de se couvrir désormais face à la volatilité des marchés mais ne pratiquant pas encore le marche à terme avec option, pouvez-vous m'expliquer les démarches, le processus et les coûts liés à ce marché et dans le cas exposé, le coût en question. Je vous remercie d'avance pour votre réponse.

Réponse de Sébastien Poncelet : Le colza n'évolue pas seul. Certes il en manque en Europe, mais le monde dispose énormément de produits de substitution à travers l'huile de palme et le soja. Ces produits freinent désormais la hausse du colza.

Au regard de la très grande volatilité de ce marché, il est intéressant voire indispensable de recourir aux outils de marché à terme, et notamment aux options pour mettre en œuvre des stratégies de commercialisation sécurisées et performantes. Le tout à moindre coût. Ces outils nécessitent un minimum de connaissances et de pratiques. Nous vous invitons donc à rejoindre nos sessions de formation que nous organisons très régulièrement.

Question de "jm60" : bonjour, je n'ai engagé que 50 % de mon blé et 10 % du colza, que dois-je faire ? Faut-il déjà s'engager pour la récolte 2016 ? Merci.

Réponse de Sébastien Poncelet : Nous avons déjà parlé du blé 2015 et du colza. Pour le blé 2016, le marché est très ouvert selon les conditions climatiques des 6 à 10 prochains mois chez les grands pays producteurs.

C'est pourquoi le raisonnement doit avant tout se baser sur l'économie et la bonne gestion. Avec des prix qui avoisinent régulièrement les 195 €/t base Euronext Décembre 2016, beaucoup de producteurs dépassent leurs coûts de production, ce qui incite à la mise en place des toutes premières couvertures.

Question de "fredo60" : On nous donne des prix de commercialisation mais il n'y a pas de bateaux à Rouen ... Où en sont les contrats pour l'exportation ?

Réponse de Sébastien Poncelet : Il est probable que les prix que l'on vous propose sur le terrain soient le résultat de couvertures réalisées sur le marché à terme par votre collecteur.

L'export de blé français a pris beaucoup de retard sur septembre octobre par rapport à l'an passé, en raison d'une très forte concurrence des blés mer Noire. Notre compétitivité s'est améliorée. Nous passons désormais sur l'Egypte, le Maroc va ré-ouvrir pleinement ses importations à partir de janvier 2016, l'Algérie intensifie ses achats, les carnets de commandes des exportateurs français devraient progressivement se remplir dans les tous prochains mois.

Question de "pinpin" : j'ai appris dernièrement que Total se désengageait du produit colza (diester) pour aller sur l'huile de palme. Pouvez-vous nous éclairer sur les incidences futures du marché colza et sur l'avenir de cette culture ?

Réponse de Sébastien Poncelet : Effectivement, le débouché biodiesel est majeur pour le colza européen puisqu'il représente près des deux tiers des débouchés. Cette filière est donc très sensible aux décisions politiques et fiscales, toujours très compliquées à anticiper et à évaluer.

Question de "Agri27" : Bonjour. On a beaucoup parlé du MATIF pour les produits laitiers. Y-a-t-il un intérêt pour nous les agriculteurs ? Car je n'en vois pas l'intérêt pour un éleveur. Sa production est là quoiqu'il arrive, il ne peut pas s'adapter face aux variations.

Réponse de Sébastien Poncelet : Effectivement, à la différence des grains, la production laitière est non stockable. Toutefois le déploiement des marchés à terme sur les produits laitiers devrait permettre d'apporter les outils nécessaires à la filière pour gérer la volatilité et sécuriser les marges de chaque maillon de la filière. Par conséquent, ces marchés à terme permettront des contractualisations "prix" aux éleveurs.

Quant à l'adaptation de la production à la conjoncture de marché, des pays comme la Nouvelle-Zélande confrontés de longue date à un marché libéralisé et volatil, ont mis en place une organisation pour une plus grande flexibilité de leur production. Ainsi, la libéralisation du secteur laitier européen donne de beaux challenges aux éleveurs.

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