Une simple recherche « accidents tracteurs » sur Google et l’actualité égrène froidement les drames. Le 5 novembre 2025, un motard perd la vie après une collision avec un tracteur à Razès, en Haute-Vienne. Le 20 novembre, au Tourc’h, dans le Finistère, un tracteur se renverse, l’agriculteur décède malgré l’intervention des secours. Ce n’est qu’un aperçu. La liste est longue, implacable, et pourtant elle concerne une saison censée être épargnée : ce sont les mois de mars à septembre qui concentrent 76 % des accidents mortels impliquant un tracteur.
Les chiffres de la sécurité routière ne sont pas reluisants concernant les tracteurs. En 2024, ces véhicules ont été impliqués dans 267 accidents corporels, contre 249 en 2023, soit une hausse de 7,2 %. « Parmi ces accidents, 49 ont été mortels et ont induit le décès de 50 personnes dont 12 dans un tracteur », détaille la Sécurité routière.
L'alcool au volant en augmentation
Car ces accidents ne pardonnent pas : en moyenne, pour 100 accidents impliquant un tracteur, on déplore 19 tués contre 6 tués pour les autres véhicules. Parmi les 50 tués comptabilisés en 2024, 11 le sont avec un tracteur seul. 35 impliquent d’autres usagers (dont 4 piétons). Dans 8 cas sur 10, les accidents mortels ont lieu de jour.
Au niveau de l’âge, parmi les 49 conducteurs de tracteurs agricoles impliqués dans un accident mortel en 2024, 4 ont entre 14 et 17 ans et 4 ont plus de 64 ans. 47 sont des hommes et 2 des femmes. La part de conducteurs de tracteurs alcoolisés accidentés (8 % parmi ceux testés) augmente. Elle est similaire à celle des conducteurs d’autres véhicules (9 %). Seul « bon point », la part des conducteurs contrôlés positifs aux stupéfiants (1 %) est inférieure à la moyenne (5 %).
Des renversements souvent fatals
Les drames sont de plus en plus fréquents sur la route, mais également dans les exploitations. Il s’enregistre 110 décès par an dus à des accidents du travail chez les agriculteurs (ce qui représente près de 15 % du total en France). Et selon le ministère de l’agriculture, les renversements sont la cause de la moitié des accidents mortels liés aux tracteurs.
Face à ce constat, les causes sont déjà identifiées depuis longtemps : augmentation de la vitesse et du gabarit, attelages conséquents, impatience des autres usagers, distraction engendrée par les écrans, consommation d’alcool, fatigue et surmenage, port de la ceinture aléatoire… Mais même si tout le monde sait ce qu’il faut faire, les chiffres augmentent dans le mauvais sens. Une partie de la solution passe par la prévention.
« T’es pas pressé au point d’y rester »
En Bretagne, une campagne a ainsi été lancée par la profession, notamment pour sensibiliser les jeunes. Six vidéos ont notamment été réalisées par et avec des élèves de BTS de la Maison familiale et rurale de Montfort-sur-Meu en Ille-et-Vilaine.
Apprenants et formateurs témoignent : « Il venait juste de commencer. J’ai tournée la tête 10 secondes et il était déjà descendu du tracteur en marche avant. Depuis, j’explique toujours les bons gestes dès le début », « J’ai regardé mon téléphone 2 secondes pour voir un message. Le tracteur a dévié et j’ai failli choper la clôture. Maintenant, je le mets en mode avion direct », « Il était à la bourre pour finir le champ, il a pris un virage trop vite avec la benne pleine. Cela a failli basculer. Depuis je leur dis, t’es pas pressé au point d’y rester »…