Les retraites agricoles, un dossier en jachère

En 2015, les « non salariés agricoles » touchaient en moyenne 730 euros pour une carrière complète, contre 1 800 euros pour l'ensemble des Français, selon le Conseil d'orientation des retraites. (©Budimir Jevtic/Fotolia)
En 2015, les « non salariés agricoles » touchaient en moyenne 730 euros pour une carrière complète, contre 1 800 euros pour l'ensemble des Français, selon le Conseil d'orientation des retraites. (©Budimir Jevtic/Fotolia)

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Agriculteurs
En 2015, les « non salariés agricoles » touchaient en moyenne 730 euros pour une carrière complète, contre 1 800 euros pour l'ensemble des Français, selon le Conseil d'orientation des retraites. (©Budimir Jevtic/Fotolia)
omme ou femme, cultivateur ou éleveur, tous les agriculteurs à la retraite racontent la même histoire. Comme Hélène et son mari, 1 864 euros de pensions et « un grand sentiment d'injustice » après s'être occupés de 200 vaches « en permanence » et parfois « dans des conditions difficiles ». Jacques, lui, avait choisi le maïs et la volaille. Sa femme, qui a repris l'exploitation, arrêtera bientôt de travailler. Ils recevront alors « moins de 2 000 euros » par mois. De quoi se demander si le jeu en valait la chandelle : « si j'avais choisi un autre métier, j'aurais certainement travaillé moins, j'aurais eu une autre vie de famille, et aujourd'hui j'aurais une autre retraite ». Les « non salariés agricoles » sont en effet peu payés de leurs efforts : en 2015, ils touchaient en moyenne 730 euros pour une carrière complète, contre 1 800 euros pour l'ensemble des Français, selon le Conseil d'orientation des retraites. Ceux qui n'ont pas d'autre revenu - un bien en location, le plus souvent - restent donc bien en deçà du seuil de pauvreté, qui était de 1 015 euros la même année. Pour améliorer l'ordinaire des anciens chefs d'exploitation, le précédent gouvernement avait relevé le minimum garanti à 75 % du Smic net, soit 871 euros - toujours pour une carrière complète. Une proposition de loi communiste, votée à l'unanimité par les députés début 2017, devait porter ce montant à 987 euros, soit 85 % du Smic net, dès 2018, en augmentant une taxe sur les grandes surfaces commerciales. Mais l'exécutif a bloqué in extremis l'adoption du texte au Sénat en mars, pour ne pas « créer un nouvel impôt sans cadre budgétaire » ni décider d'une revalorisation « indépendamment des autres évolutions qui affectent notre système de retraites ».

« Le plus à gagner »

Pas de nouveau coup de pouce aux petites pensions agricoles alors que le chef de l'État veut que sa réforme, censée transformer la « quarantaine » de régimes existants en « un système unique », soit « votée en 2019 ». Les syndicats agricoles, qui réclament tous un minimum à 85 % du Smic net, ont diversement apprécié ce refus. La FNSEA, largement majoritaire, n'a pas protesté. « On est le régime qui, normalement, devrait avoir le plus à gagner » des changements à venir, décrypte Robert Verger, membre du bureau de l'organisation. Reçu jeudi par la ministre des solidarités, Agnès Buzyn, et le Haut commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, il a plaidé pour une inversion du schéma actuel : au lieu de compléter les pensions inférieures au minimum, l'État devrait ainsi garantir « un socle de base pour tous les retraités ». La Coordination rurale, qui avait été « profondément choquée » du vote bloqué au Sénat, a également été consultée lundi. Elle a avancé l'idée d'une hausse de la TVA, en particulier sur les importations, pour « payer un petit peu moins de cotisations et retrouver un peu de compétitivité », indique Jean-Paul Vuilliot. Le syndicat aimerait aussi « récupérer un peu d'argent au niveau du fonctionnement de la MSA », la caisse de sécurité sociale des agriculteurs, dont il dénonce la « gabegie énorme ». Du côté de la Confédération paysanne, qui s'était indignée en mars du « coup de force inadmissible du gouvernement », la rencontre prévue la semaine prochaine sera l'occasion de demander « qu'il n'y ait aucune retraite qui soit inférieure au minimum vieillesse », prévient Christian Boisgontier. Il faudrait aussi « aider les agriculteurs à financer leurs cotisations quand la crise est là », estime-t-il, jugeant « pas normal que les paysans n'aient pas une retraite équivalente à la moyenne française. On n'est pas des sous-citoyens ».

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