Certaines variétés de semis, commercialisées en tant qu'échalotes, s'avèrent être en réalité des oignons, selon les manifestants, dont une partie bloquait le centre-ville. Des dizaines d'autres tracteurs étaient stationnés le long d'une des routes menant à la ville, sur plus de quatre kilomètres.
Une délégation de producteurs, emmenée par Jean-François Jacob, président de la Sica de Saint-Pol-de-Léon, premier groupement de producteurs de légumes français, et Hubert Le Nan, président de la section échalotes du Cerafel, organisation professionnelle regroupant des organisations de producteurs bretons, a été reçue à la sous-préfecture de Morlaix.
N'ayant cependant « pas reçu de réponse concrète du sous-préfet », les manifestants ont décidé dans l'après-midi, après avoir observé une minute de silence en mémoire des 17 victimes des attentats des derniers jours, de déverser leur production sur la RN12, entre Brest et Rennes, au niveau du pont autoroutier enjambant Morlaix, bloquant la circulation dans les deux sens.
Les échalotes traditionnelles sont plantées a la main, tandis que celles de semis le sont mécaniquement. « Un hectare d'échalotes plantées a la main c'est 450 heures de travail, contre une demi-heure à peine pour celles semées mécaniquement », a expliqué a l'Afp Jacques, un producteur du Nord-Finistère. « C'est déloyal », a-t-il jugé, regrettant que la grande distribution « valorise de la même manière les deux types de produits ». « Le consommateur est lèsé », a-t-il assuré, expliquant que les variétés de semis étaient en fait « des oignons allongés ».
Estimé a 4.000 tonnes il y a cinq ans dans un marché national de 40.000 tonnes, le volume d'échalotes de semis représenterait aujourd'hui jusqu'à 10.000 tonnes dans un marché national de 45.000 a 50.000 tonnes, selon les manifestants venus de tout le Finistere. Conséquence, selon eux : « un marché de l'échalote ultra saturé avec des produits à dénomination frauduleuse et des cours au plus bas ».
Disant avoir alerté depuis plusieurs mois les instances nationales et européennes et avant qu'un consensus se dégage entre la France et les Pays-Bas afin de mieux cadrer les produits de semis, ils réclament « le retrait immédiat des variétés contestées et commercialisées en tant qu'échalotes. »
Ils demandent également « une prise en main forte » de la part des pouvoirs publics « pour défendre les intérêts de la filière de l'échalote de tradition a Bruxelles ».
La France est le premier producteur européen d'échalotes. Le Finistère à lui seul représente 80 % de la production européenne d'échalotes de tradition, indique la préfecture du Finistère dans un communiqué faisant état des difficultés de la filière.