Les positions agricoles de Martine Aubry et François Hollande sur : représentativité syndicale, fiscalité, social et environnement

Les positions agricoles de Martine Aubry et François Hollande sur : représentativité syndicale, fiscalité, social et environnement

4ème partie : représentativité syndicale, fiscalité, social et environnement

Pour les autres questions posées, voir le sommaire en bas de cet article.

Le développement des circuits courts et d’une agriculture écologiquement intensive et plus autonome ne remettra t-il pas en cause les capacités exportatrices de la France?

Martine Aubry (MA) : Plutôt que faire référence à l'agriculture écologiquement intensive, je préfère parler d'agroécologie, qui elle prend vraiment en compte l'agriculteur dans son milieu.
Je ne vois pas d'opposition entre le développement d’une économie agricole de proximité et l'exportation de produits à forte valeur ajoutée. La diversité doit vivre. Chacun doit avoir sa place.
Oui, je mise sur la productivité des territoires, plutôt que sur la compétitivité internationale pour développer nos productions, en valorisant nos savoir-faire, notamment, le lien tissé entre l’agriculture et les PME agroalimentaires locales. La vente de proximité, ainsi que les circuits courts participent de cette productivité des territoires. Ma priorité, c’est que nos agriculteurs vivent de leur métier, de leur production. S’ils la gagnent aussi bien ou mieux par le circuit court et la proximité, qui peut être contre ? Je préfère une exploitation viable par son choix d’une économie de proximité qu’une exploitation sous perfusion d’aides publiques pour aller conquérir des marchés mondiaux. C’est cela aussi la relocalisation pour laquelle je me bats.
Quant à la « vocation exportatrice » de la France, remettons les choses à leur place : l'Union Européenne doit importer l'équivalent de 29 millions d'hectares pour nourrir sa population ( la surface agricole de la France est de 23 millions ), et depuis quelques mois la France elle même n'est plus excédentaire en volumes. Avant de parler de « vocation exportatrice » tâchons déjà de nourrir l'Europe, et essayons de ne pas importer des productions qui monopolisent, dans les pays du Sud notamment des surfaces qui bien souvent manquent cruellement aux populations de ces pays exportateurs.

François Hollande : Cette question m'apparaît ambigüe, voire tendancieuse. Une politique agricole commune a d’abord pour objectif de répondre aux besoins alimentaires des consommateurs européens, avant d’exporter. Les circuits courts qui sont un des éléments de politique publique agricole mais pas les seuls, répondent à une demande d’une partie des consommateurs. Pourquoi les agriculteurs se priveraient ils de cette nouvelle forme de débouchés qui les fait vivre, sans toujours être obligés d'agrandir leur exploitation pour obtenir des revenus. Par ailleurs je ne vois pas en quoi un nouveau mode de développement nous empêcherait d’exporter. Il faut bien comprendre que le défi de l’agriculture de demain sera de produire beaucoup et mieux. Si nous voulons continuer à produire pour exporter, il convient tout d’abord de s’assurer que nos modes de développement n’altèreront pas nos capacités naturelles de production et nous permettrons de continuer à écouler une partie de notre production pendant encore de longues années sur des marchés extérieurs. J'ajoute enfin que la durabilité est un élément de la compétitivité.

Ne faut-il pas d’abord une Pac pour produire plus, quitte à avoir recours aux Ogm?
Martine Aubry (MA) : Les Ogm ne produisent pas plus, sont refusés par les consommateurs ,et posent le problème de la soumission des agriculteursà des firmes semencières internationales très puissantes. Je ne vois pas  actuellement leur intérêt mais la recherche doit se poursuivre.
François Hollande : Produire et mieux est possible sans les OGM. Il convient pour cela de revenir sur l’agronomie associée à l’écologie, et d’y mettre des moyens importants en matière de recherche. Jusqu'ici personne ne nous a démontré à travers le monde que les OGM permettaient d'assurer une plus grande sécurité alimentaire. Ca se saurait et il n'y aurait pas 1 milliard de mal nourris sur terre. Je suis pour des solutions de long terme et qui relèvent d'un intérêt commun. Actuellement les OGM profitent d'abord aux firmes qui les proposent. 
Le PS propose (exige) « une harmonisation par le haut des règles sociales et environnementales en Europe." Ce qui sous-entend de contraindre nos voisins à modifier leurs règles pour qu'elles se rapprochent des nôtres. Comment faire? Pensez-vous vous faire entendre à Bruxelles ?
Martine Aubry (MA) : C'est toute la question du sens de l'Europe: peut on faire avancer l'Europe et intéresser les citoyens sans créer une Europe sociale et prendre en compte les enjeux environnementaux. Je ne le crois pas. Nous parlons bien là d'un pari vers l'avenir. A Berlin, j’ai déjà obtenu un accord avec le SPD pour un Salaire minimum dans l’agroalimentaire en Allemagne. C’est un premier pas qui montre que nous pouvons aboutir. Il faudra une forte volonté pour ce faire. La France ne doit pas se coucher devant la volonté toujours remise en avant du moins-disant social.
François Hollande : Attention il serait présomptueux de penser que nous sommes les plus vertueux en Europe en matière sociale ou environnementale. Certains font mieux que nous dans ces domaines. Je regrette par exemple que la France n’ait pas davantage anticipé dans le domaine de l'environnement grâce au cadre de la PAC de 2003. Nous n’avions pas besoin de Bruxelles pour le faire. Il nous suffisait de choisir des options offertes au choix des Etats membres. Dans l'état actuel des traités, les questions sociales relèvent de la compétence des Etats membres. Sur ce point je m'engagerai en faveur d'une harmonisation européenne sociale et fiscale, indispensable à une bonne coopération entre les différents Etats membres. Je constate seulement que le contexte politique européen actuel ne nous est pas favorable: 21 des 27 pays de l’Union ont un gouvernement de droite pour qui l'Europe sociale n'est pas un objectif.
En faveur de l'installation, vous proposez « une loi foncière pour favoriser la création de ceintures vertes autour des villes et permettra l’installation de nouveaux agriculteurs », ainsi que la suppression de la notion de surface minimum d’installation. Seront-elles les seules mesures pour favoriser l'installation?
Martine Aubry (MA) : Cette question foncière est essentielle: une loi foncière, plus un plafonnement des aides PAC qui limitera l'intérêt financier de l'agrandissement devraient lever déjà une partie du problème de l'accès au foncier. Mais nous ne pouvons nous limiter à cela! Pour s'installer, les nouveaux agriculteurs ont besoin de souplesse et de  lisibilité à moyen et long terme et de la probabilité raisonnable d'un revenu. D'où l'importance des outils de régulation. Ils ont aussi le besoin du soutien des banques qui leur fait souvent défaut, problème qu'il  faudra régler. L'annonce du Commissaire Européen d'un soutien accru aux jeunes agriculteurs me paraît là intéressante. Je pense que les questions de l'habitat et des services publics en milieu rural, notamment crèches, écoles,  couverture internet sont des questions que nous ne pouvons  éluder.
François Hollande : Non bien évidement. La jeunesse est ma priorité. Des dispositions beaucoup plus importantes devront être prises à l’échelon européen et national pour assurer un renouvellement des générations en agriculture. La population agricole active vieillit dramatiquement. Il nous faudra faciliter l'accès de beaucoup plus de jeunes aux métiers de l’agriculture. Près de 50% de jeunes agriculteurs s’installent sans DJA et prêts bonifiés. Il nous faudra revoir les conditions d’attribution des ces aides sans négliger la formation. Mais il conviendra d'être cohérent au plan national, afin de mieux gérer la distribution des droits à primes entre les générations. Il nous faudra favoriser l’installation progressive, aider des jeunes non issu de l’agriculture et peu fortunés à devenir agriculteurs. La mise en place d'un contrat entre un agriculteur souhaitant céder son exploitation et un jeune désireux de s'installer, m'apparaît être un outil adapté, pour assurer des transmissions progressives d'exploitations et des savoirs faire: une version de mon contrat intergénérationnel.
Comptez-vous remettre en question les règles de la représentativité syndicale agricole, comme le propose le PS?
Martine Aubry (MA) : C'est une évidence et je l'ai déjà dit. Peut on continuer à penser et gérer l'agriculture en niant la présence de sensibilités différentes: non. D'ailleurs, dans les quelques institutions où la représentativité syndicale existe, il me semble que ça ne pose pas de problèmes; peut-être même que c'est plus productif.
François Hollande : Dans une démocratie digne de ce nom il me semble important de permettre une expression de la diversité des opinions syndicales et des différentes formes d’agriculture.
Selon les propositions du PS, « le régime social agricole sera remis à plat dans un souci de justice pour tous les agriculteurs, l’objectif étant d’obtenir la parité avec les autres régimes ». Réformerez-vous ce régime social agricole? Comment et à quelle échéance?
Martine Aubry (MA) : Nous devons réformer le régime social, mais aussi la fiscalité de l'agriculture. L'objectif est effectivement de relancer l'objectif de parité avec les autres catégories socioprofessionelles; la gauche avait déjà réduit les écarts quand elle était au pouvoir.  Je pense notamment à la retraite et à l’effort budgétaire considérable que nous avons fait entre 1997 et 2002 ainsi qu’à la loi Peiro sur les retraites complémentaires. Je continuerai, et ce sera un des chantiers que nous devrons ouvrir quand je serai élue.
François Hollande : Lorsque nous avons gouverné avec Lionel Jospin nous avons d’abord cherché à revaloriser les retraites les plus bases, et de ceux des plus modestes. Cet effort devra encore être soutenu en fonction des budgets publics dont nous disposerons. Il nous faudra peut être imaginer une révision des régimes de succession pour avantager des agriculteurs qui cessent leur activité en facilitant l’installation de jeunes….
Etes-vous favorable à la Tva sociale pour alléger les charges sociales des exploitants agricoles ?
Martine Aubry (MA) : Tout d'abord je rappellerai que ce sont des « cotisations » sociales, qui ouvrent des droits pour les salariés qui travaillent dans l'agriculture( maladie, accident, maternité, retraite...) et non pas des « charges », même si elles sont vécues comme tel par les agriculteurs.
Il est clair que le coût de la main d'oeuvre pose problème dans certaines productions. Mais je ne suis pas favorable à la création d'un régime particulier pour une seule catégorie d'employeurs. L'évolution des recettes sociales doit être vue dans sa globalité.  Actuellement, le Gouvernement propose de financer une baisse de un euro du travail horaire par une taxe sur les sodas. Il nous condamne à être rattrapés par les règles relatives aux aides sectorielles : que diront les agriculteurs s’ils doivent rembourser dans trois ou cinq ans une baisse des cotisations qui s’avèrerait non compatible avec les règles européennes ? C’est un risque réel, ne nous trompons pas. . Nous avons besoin d’une Europe sociale qui avance vers le haut.
Par contre le soutien de la PAC lié au nombre de personnes,y compris salariés, travaillant sur l'exploitation me paraît être un élément de réponse tout à fait intéressant.  L’Europe l’a mis de côté pour l’instant, c’est incompréhensible.
François Hollande : Non, car toute augmentation de la TVA aurait pour seul résultat de pénaliser les consommateurs et de réduire leur pouvoir d'achat, déjà largement amputé par la crise que nous traversons. Je suis en revanche favorable à un transfert de cotisations sociales sur un impôt sur la pollution. Cette solution me semble plus pertinente pour la croissance, l'emploi, et notre compétitivité.

 

SOMMAIRE

Cliquez sur le(s) titre(s) qui vous intéresse(nt)

Introduction - Second tour des primaires socialistes.

• 1ère partie - A Bruxelles

• 2ème partie - Aides Pac

• 3ème partie - Production laitière et contractualisation

• 4ème partie - Représentation syndicale, fiscalité, social et environnement

• Question subsidiaire - Y-a-t-il encore de la place pour l'agriculture dans un programme présidentiel ?

 
Introduction - Second tour des primaires socialistes.
Question subsidiaire - Y-a-t-il encore de la place pour l'agriculture dans un programme présidentiel ?
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