![]() Le Plan de performance énergétique des exploitations a été doté, en 2011, de 12 M€ par l'Etat, contre 35 M€ en 2009, année de son lancement. Terre-net média) |
Mais l’absence d’une définition claire, par le ministère, de ce qu’il entend par « faible dépendance énergétique », traduit d’emblée le décalage entre les objectifs ambitieux du Grenelle et la réalité du terrain.
Seulement 9.000 diagnostics réalisés en trois ans
Le bilan de l’évaluation du bilan énergétique des exploitations, premier des huit axes et clé de voûte du Ppe, fait pâle figure au regard des objectifs initiaux. En février 2009, lors du lancement du Ppe, Michel Barnier, alors ministre de l’Agriculture, avait annoncé la réalisation de 100.000 diagnostics énergétiques sur cinq ans. En 2011, le compteur affiche environ 9.000 diagnostics réalisés, selon Karine Brulé, du ministère de l’Agriculture.
Ce faible chiffre, les techniciens ayant été formé au diagnostic d’exploitations l’expliquent simplement par le manque de moyens humains : « Dans mon secteur, je réalise 100 diagnostics par an, témoigne un conseiller. Difficile de faire plus. »
Depuis le début du Ppe, de nombreux outils de diagnostics sont éligibles aux aides. Entre les bilans Planète, le Bilan Carbone®, les bilans Acv, Decibel ou Diapason, les agriculteurs ont de quoi se perdre. L’Ademe et Solagro proposent aujourd’hui Dia’Terre, un condensé de tous les outils disponibles basé sur le bilan Planète.
L’outil Dia’Terre devrait donc faire référence dans les mois qui viennent. 410 conseillers ont été formés pour l’utiliser dans les exploitations. Mais le diagnostic, plus complet que les autres, sera plus long à réaliser. En l’absence de moyens humains supplémentaires, les conseillers, certes mieux former au diagnostic, ne pourront en faire plus.
« Des agriculteurs frileux à payer des prestations »
Le faible nombre de diagnostics réalisés s’explique aussi, selon Jean-Luc Bouchu, de Solagro, par un manque d’engagement des agriculteurs. « Ils sont toujours aussi frileux pour payer des prestations. »
Un diagnostic nécessite en moyenne une journée de travail en exploitation pour le conseiller, pour un coût compris entre 500 et 1.500 € hors taxes. « Pourtant, avec la mise en œuvre d’actions pour réduire leurs consommations d’énergies, le retour sur investissement est assuré au bout d’un an voire deux. »
Manque de visibilité
A la défense des agriculteurs, Thierry Chastan, directeur régional développement durable au Cer France de l’Eure souligne le « manque de visibilité offert aux producteurs quant au potentiel et à l’intérêt de diagnostiquer leur exploitation, en vue de conduire des actions de réduction ».
Avec ce manque de visibilité, « les agriculteurs ont le sentiment d’être de simples machines à répondre aux obligations », souligne Thierry Chastan. « Ils ont pourtant envie de mener à bien des projets pour les 20 ou 30 ans à venir. Mais encore faut-il les soutenir pour cela », confirme Laurent Klein, président de la Saf.
Par ailleurs, avant de s'engager dans une démarche de diagnostic, les agriculteurs doivent être informés sur les économies potentiellement réalisables sur leur exploitation. Pour cela, les informations recueillies par les diagnostics déjà réalisés devront être mieux exploitées.
Un budget qui s’effrite
Pour constater ce manque de visibilité donné aux agriculteurs dans leur recherche de performance énergétique, il suffit enfin de regarder l’évolution du budget alloué au Ppe depuis son lancement.
En février 2009, Michel Barnier avait annoncé une mobilisation de l’Etat à hauteur de 35 M€, dont 30 M€ issus du plan de relance de l’économie. En 2010, l’Etat a injecté 30 M€. Mais en 2011, le budget, de 12 M€ seulement, a fondu de moitié. Le ministère de l’Agriculture prévoit encore un coup de rabot pour 2012, où l’Etat n’apportera que 9 M€. La crise économique et les restrictions budgétaires sont passées par là.
Sur le même sujet : |