« Stéphane Le Foll n’en fait pas assez ! » (Modef)

« Stéphane Le Foll n’en fait pas assez ! » (Modef)
Raymond GirardiRaymond Girardi, secrétaire général du Modef, lors de la vente de fruits et légumes le 22 août 2013 à Paris. (©Terre-net Média)

Terre-net Média : Application du coefficient multiplicateur et mise en place d’un calendrier d’importation des fruits et légumes : vos deux revendications pour revaloriser les prix à la production et donner plus de poids aux producteurs ne trouvent pas écho dans les réformes en cours. Que vous inspire, notamment, les mesures du projet de loi sur la consommation ?

Raymond Girardi : On sent une certaine volonté de la part du Gouvernement, à travers cette loi sur la consommation, pour mettre la pression sur la grande distribution. Ceci dit, les quelques mesures sur la table feront leur petit effet, mais elles ne régleront en aucun cas les problèmes des agriculteurs.

Le seul moyen de régler le problème des marges abusives de la grande distribution, c’est de mettre en place le coefficient multiplicateur et un calendrier d’importation. Car la grande distribution utilise les importations à bas prix pour faire pression sur les prix de nos productions. Les Gms considèrent toujours les agriculteurs comme de simples fournisseurs de matières premières. En clair, les producteurs continueront d’être sous-payés.

Tnm : Comme certains ministres qui l’ont précédé rue de Varenne, Stéphane Le Foll prépare sa loi d’avenir agricole. Les premiers éléments  connus de cette loi ne vous donnent-ils pas une quelconque source de satisfaction ?

R. Girardi : Qu’il y ait des mesures dans la loi permettant de faciliter l’installation de jeunes en agriculture, c’est une très bonne chose. Car moins il y aura d’agriculteurs pour reprendre les exploitations, moins l’agriculture sera forte.

Cependant, les perspectives de revenus constituent toujours la raison majeure qui  doit motiver un jeune à s’installer ou reprendre une exploitation. On peut donc mettre en place toutes les mesures qu’on voudra pour faciliter l’installation. Mais si au final, le jeune a des doutes sur la possibilité d’avoir un revenu, ça ne servira à rien. Sans prix rémunérateurs, il n’y aura pas d’installations.

Le ministre  entend aussi moderniser le système de contractualisation. Mais dans le cadre de cette contractualisation, s’il n’y a pas, entre le producteur, sa coopérative et la centrale d’achat ou le grossiste, de véritable garantie de prix, cela ne servira à rien. Tant que le contrat ne sera qu’un engagement de livraison de produits par le producteur au profit de l’acheteur, les agriculteurs subiront encore longtemps les mêmes difficultés. Regardez le secteur laitier : la mise en place de la contractualisation n’a servi à rien, tout juste à mettre un peu la pression aux distributeurs pour qu’ils rémunèrent un peu plus le lait.

Tnm : Le ministre de l’Agriculture doit aussi boucler l’application française de la réforme de la Pac. Avez-vous le sentiment que la Pac sera plus juste et plus verte comme le défend Stéphane Le Foll ?

R. Girardi : Certaines mesures que le ministre a défendues au niveau européen vont dans le bon sens. Je pense au plafonnement des aides et à la surprime des 50 premiers hectares. Cela va dans le sens des petits et moyens paysans qui, je le rappelle, sont les plus nombreux.

Les gros céréaliers ont pratiqué un véritable racket d’aides communautaires ces trente dernières années!Ceux qui râlent contre cette réforme, ce sont les très gros céréaliers qui, à travers la voix de la Fnsea, disent que la future Pac ne sera pas juste et fragilisera leur exploitation. Ces mêmes céréaliers ont pratiqué un véritable racket d’aides communautaires ces trente dernières années. Il serait temps que cela cesse !

Pour notre part, au Modef, nous estimons, là encore, que le Gouvernement ne va pas assez loin. Nous souhaiterions que l’aide sur les 52 premiers hectares soit, non pas majorée d’une centaine d’euros, mais doublée !

Modef : Impressionnant succès de la vente parisienne de fruits et légumes

Vente de fruits et légumes du ModefJeudi 23 août à 8h30, la vente de fruits et légumes du Modef, sur la place de la Bastille à Paris, bat son plein. (©Terre-net Média) 

Jeudi 22 août 2013, c’était la 8e fois que des producteurs du Modef venus du Lot-et-Garonne organisait une vente de fruits et légumes au juste prix. La vente, qui s’est tenue Place de la Bastille à Paris et dans 25 villes de banlieue, a eu un impressionnant succès.

Le syndicat, aidé par des équipes du Parti communiste français, dont il est politiquement proche, estime à 10.000 le nombre de visiteurs. Place de la Bastille, les parisiens ont formé des files d’attente de plus de 100 m de long, dans l’espoir d’acheter quelques tomates, prunes, pommes de terre et autres salades à prix réduit.

« La grande distribution essaie de nous faire croire que la hausse des fruits et légumes est liée aux mauvaises conditions climatiques, pourtant le prix payé de la tomate aux producteurs entre 2012 et 2013 a chuté de 10 %, explique le syndicat. Elle doit arrêter de tromper et racketter les producteurs et les consommateurs. »

File d'attente lors de la vente de fruits et légumes du Modef, mercredi 23 août 2013 à ParisFile d'attente lors de la vente de fruits et légumes du Modef, mercredi 23 août 2013 à Paris.(©Terre-net Média) 
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