![]() En ces temps de crise et de nécessaire redressement productif de l'économie, la Fnab avance l'argument de l'emploi généré par les exploitations bio pour défendre le mode de production biologique. (© Terre-net Média) |
La Fédération nationale d’Agriculture biologique a présenté, mardi 17 septembre 2013, sa campagne de promotion des produits bio qu’elle organisera à partir du 23 septembre prochain. Plus de 200 animations seront programmées par les producteurs eux-mêmes pour cette campagne intitulée « Bio et local, c’est l’idéal ». Objectif : faire découvrir « les atouts du bio et la diversité des circuits courts dans 16 régions de France ». Un blog dédié, www.bioetlocalcestlideal.org recense les différentes actions de promotion en région.
Cependant, cette campagne de promotion reste essentiellement ciblée vers les consommateurs. « Intérêts pour l’environnement, l’économie locale, la qualité des produits, la traçabilité, ou encore la convivialité et les échanges avec les producteurs…. » : les arguments de la Fnab ne manquent d’ailleurs pas, la fédération ayant même édité un « petit guide pour vos amis biosceptiques ».
Jouer collectif pour développer l’offre
Or la filière biologique ne souffre, non pas d’un déficit de demande, mais d’un manque d’offre, de surfaces et donc de producteurs bio.
Pour casser l’image, à peine caricaturale, du producteur bio écoulant seul ses fruits et légumes via une Amap, la Fnab veut aussi mettre en avant les démarches collectives qui se mettent peu à peu en place. En Ille-et-Vilaine notamment, une organisation d’une vingtaine de producteurs, « Brin d’herbe », en périphérie de Rennes, s’est créée en 1992, pour développer deux magasins de vente directe. « La dimension collective nous a permis de proposer des volumes importants et une gamme de produits très étendus, et d’accéder ainsi à des marchés qui nous étaient auparavant inaccessibles », explique Gwénaël Floch, membre du collectif breton.
Même démarche en Ile-de-France, qui ne dénombre que 186 exploitations en production bio, soit beaucoup moins que la moyenne observée dans les autres régions françaises, alors que le potentiel de demande, lui, est énorme. « En avril 2011, 25 producteurs se sont réunis pour assurer un approvisionnement en restauration collective, notamment », poursuit Bastien Fitoussi, chargé de commercialisation au Gab Ile-de-France. « Même les agriculteurs conventionnels n’ont jamais réalisé une telle démarche ».
Economiquement viable et source d’emploi
A l’heure du redressement productif imposé par la crise économique, la Fnab assure aussi que la filière bio est bien plus génératrice d’emplois que les exploitations conventionnelles. A surface égale, une ferme bio nécessiterait 2,4 unités de travail, contre 1,5 pour une exploitation conventionnelle. En Ille-et-Vilaine, « une exploitation conventionnelle de 42 ha en moyenne emploie 1,9 unité de travail. En bio, les exploitations adhérentes du groupement « Brin d’herbe » sont de 30 ha en moyenne, mais génèrent plus de 3 unités de travail à temps plein », insiste Gwénaël Floch.
Stéphanie Pageot, la présidente de la Fnab, entend, quant à elle, défendre la faisabilité technique et l’intérêt économique de la production bio auprès des agriculteurs conventionnels ou des jeunes qui veulent s’installer.
« Les difficultés techniques, en élevage comme en productions végétales, sont tout à fait surmontables. Les techniques et les matériels sont tout aussi performants qu’en conventionnel, assure l’agricultrice, installée en Loire-Atlantique en production laitière. Nous essayons de sensibiliser les jeunes grâce à des fermes de démonstration, mais beaucoup d’entre eux ont des idées préconçues sur ce mode de production. » Quant à l’intérêt économique, difficile de le chiffrer en l’absence de publication des revenus moyens des producteurs bio. De plus, le prix élevé des céréales conventionnelles l'an dernier n'a pas aidé la Fnab à défendre l'intérêt économique du bio auprès des producteurs de grandes cultures.
Par ailleurs, pour promouvoir la production bio auprès d’un plus large public d’agriculteurs, la Fnab négocie actuellement une convention avec l’Apca, pour notamment donner plus de moyens aux réseaux de développement agricole pour promouvoir la production bio. « On espère finaliser un accord avec les Chambres d’agriculture d’ici fin 2013 », précise Stéphanie Pageot.
Le scénario 3 indispensable
Reste que le développement de la production biologique, au-delà même des arguments avancés par la Fnab auprès des agriculteurs, ne sera possible qu’avec un soutien massif des pouvoirs publics. Comme la Confédération paysanne, la Fnab défend le scénario 3 de Stéphane Le Foll quant à la déclinaison française de la Pac. « Nous voulons une convergence totale des aides, l’abandon des références historiques et une égalité totale d’accès aux aides », défend Stéphanie Pageot, qui salue la surprime aux premiers hectares.
La présidente de la Fnab n’est pas pour autant rassurée quant aux choix que le ministre de l’Agriculture fera dans les prochains jours. Elle n’est visiblement pas plus rassurée quant à l’application du plan Ambition bio 2017, présenté par Stéphane Le Foll au printemps dernier. « Nous sommes un peu dans l’expectative, car nous n’avons, aucune garantie que nous aurons les moyens nécessaires à la réalisation des objectifs affichés. »