
C.L. : Avec la plus grande vigilance. Les écologistes mettent une pression terrible sur le gouvernement, et veulent imposer un virage environnemental important. Mais attention ! Trop d’environnement tue l’environnement. L’excès de normes peut conduire à des reculs économiques et sociaux. Au contraire, le Gouvernement doit privilégier une approche équilibrée, avec des objectifs accessibles.
Tnm : Le programme de cette conférence comprend cinq tables rondes : l’économie circulaire, l’emploi et la transition énergétique, la politique de l’eau, la biodiversité marine, l’éducation à l’environnement et au développement durable. Y en a-t-il une plus importante que les autres pour le secteur agricole ?

Première vice-présidente de la Fnsea (©Fnsea)
C.L. : Elles sont toutes importantes ! En matière de transition énergétique par exemple, certains élus entretiennent une certaine utopie quant à ses bienfaits sur l’emploi. D’une part, il faudra s’assurer que les emplois créés soient viables et durables. Et il ne faut pas oublier que cette transition en détruit aussi. Regardez la filière porcine : La mise aux normes des exploitations s’est traduite par une baisse de 6 à 8 % de la production en trois ans. Une telle baisse signifie beaucoup d’emplois en moins dans les abattoirs et sur l’ensemble de la filière.
Il n'y a pas qu'en production biologique qu'il y a des emplois verts mais aussi dans toutes les productions agricoles.
Tnm : La politique de l’eau, thème de la troisième table ronde, ne constitue-t-elle pas un point de blocage entre le Gouvernement et le monde agricole ?
C.L. : Le document de cadrage pour cette table ronde n’est absolument pas bon car il est à charge contre les agriculteurs et il ne tient pas compte des progrès réalisés par la profession pour améliorer la qualité de l’eau. Or ce document a été signé par les deux ministres de l’Agriculture et de l’Environnement. Par ailleurs, nous ne retrouvons rien, dans ce document, du rapport présenté par Philippe Martin début juin 2013 sur la gestion quantitative de l’eau. C’est regrettable car il contenait des choses intéressantes.
En matière de qualité de l’eau, l’approche reste à charge contre l’agriculture. Nous souhaiterions que soient reconnues les initiatives et les zones où on observe une réelle reconquête de la qualité de l’eau, et pas seulement les points noirs en la matière.
Quant au dossier des aides d’alimentation de captage, nous serons également vigilants car nombreux sont ceux qui entretiennent l’idéologie qui dit que seule l’agriculture biologique apporte une solution.
Tnm : En septembre 2012, vous tiriez un bilan plutôt positif de la première conférence environnementale, notamment en matière de lutte contre l’artificialisation. Quelles avancées avez-vous observées depuis ?
C.L. : Nous avons réussi à inscrire les conclusions de cette première conférence sur l’artificialisation des terres dans le projet de loi Duflot. Nous serons attentifs à ce que comprendra cette loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové, notamment en matière de renforcement des pouvoirs de la Commission départementale de la consommation des espaces agricoles.
L’observatoire de cette consommation doit être plus efficace et nous devons nous donner les moyens de limiter l’artificialisation. La prise de conscience que l’artificialisation est très inquiétante et la mise en route d’outils législatifs pour la limiter sont déjà des avancées positives.