Vidéo : Renouvellement des représentants nationaux, réforme de la Pac, priorités du mandat : 3 questions à Thomas Diemer, nouveau président de Jeunes agriculteurs
https://www.dailymotion.com/video/x91qoxeLe renouvellement des représentants nationaux de Jeunes agriculteurs et l’élection de Thomas Diemer se sont déroulés dans une ambiance particulière et inhabituelle pour le syndicat. A Saint-Brieuc où les jeunes étaient réunis du 3 au 5 juin, l’esprit convivial cher au syndicat était bien là. Mais en coulisses, il était plus difficile de cacher une unité du réseau mise à mal par certaines divergences internes quant à la stratégie syndicale à tenir. Au centre de cette unité fissurée : une ligne de défense sur la réforme de la Pac qui n'a pas plu à tout le monde et la réorganisation du réseau achevée il y a peu.
Contre vents et marées, les représentants nationaux emmenés par François Thabuis ont défendu bec et ongles une redistribution assez large des aides Pac, en se focalisant sur la considération de l'actif. La même équipe a également réussi à obtenir une meilleure prise en compte de l'installation via des aides couplées majorées et des financements supplémentaires dans le second pilier.
Mais en région, cette ligne syndicale n’a pas été partagée par tous les adhérents. Certaines régions, comme la Lorraine ou l'Ile-de-France, ne s'y sont pas complètement retrouvées. « Le processus démocratique pour définir cette ligne avait pourtant été respecté », explique un ancien élu du syndicat. Nos choix avaient été votés en interne à l’unanimité. » La stratégie syndicale de JA n’a pas non plus été très appréciée par la Fnsea.
Outre la réforme de la Pac, l’équipe sortante a eu à gérer la réorganisation interne de son réseau. La transformation des 11 régions syndicales en 22 structures calquées sur les régions administratives, aurait été financièrement pénalisante pour certaines d’entre elles. Ironie du sort, ces changements s’achèvent alors que le président de la République a annoncé il y a une semaine une réforme territoriale avec seulement 14 régions.
François Thabuis, le « fusible »
François Thabuis, qui pendant deux ans a emmené son syndicat vers des lignes plus autonomes, a finalement fait les frais de ces mécontentements. D'abord partant pour un second mandat, le président sortant n'a pu maintenir sa candidature, « au nom de l'unité du réseau ». D'ailleurs, une semaine avant le congrès, le haut-savoyard ne s'était pas étendu sur son envie de rempiler pour deux ans. Tout juste avait-il indiqué « travailler à une solution qui rassemble le réseau. » La veille du 70e anniversaire du débarquement allié sur les plages normandes, le président sortant s’est ainsi fait débarqué du syndicat sur les côtes bretonnes.
« François Thabuis a servi de fusible. Quel gâchis au regard des idées qu'il a apportées au syndicat ! » tempête un autre ancien représentant national proche du président.
Ces dernières semaines, les tractations au sein du réseau JA pour s'accorder sur un candidat à la présidence plus consensuel allaient bon train. Certains adhérents JA, de même que des représentants de la Fnsea, avaient encouragé la candidature d'un membre plus proche de la ligne syndicale majoritaire, les autres, plus nombreux, souhaitaient poursuivre le cap plus autonome initié par le président sortant. A la tribune, le président de la Fnsea aura même à démentir toute implication dans le processus électif chez JA.
Mais c’est finalement Thomas Diemer, polyculteur-éleveur du Bas-Rhin, précédemment trésorier du syndicat et proche de François Thabuis qui ira au bout de ce processus pour poursuivre la ligne menée par le savoyard. Ce dernier, amer, a préféré quitter toute fonction, même s’il n’a pas atteint la limite d’âge de 35 ans imposée par le syndicat.
Fraîchement élu par un conseil d'administration en grande partie renouvelé, Thomas Diemer reste confiant dans la capacité du syndicat à jouer son rôle de trublion. Mais il faudra, avant cela, consolider une unité mise à mal. JA peut compter sur "Terres de Jim", annoncée comme la plus grande manifestation de plein air d’Europe, que le syndicat organise début septembre à Saint-Jean-d’Illac près de Bordeaux, pour en faire un événement aussi fédérateur que l’avaient été "la Grande moisson" en 1990 ou "Nature Capitale" en 2010.