Cet agriculteur, Jacques Bauville, céréalier exploitant au total 195 hectares à Saubens (à 17 km de Toulouse), estime néanmoins « scandaleuse » l'injonction de destruction faite par le gouvernement et entend « poursuivre le combat juridique ». « J'ai décidé d'obtempérer la mort dans l'âme et de détruire moi-même (mon maïs transgénique, ndlr) car on a mal vécu tout cela (les intrusions des militants anti-Ogm, l'interdiction officielle, ndlr). Je ne veux pas qu'il y ait des affrontements et des morts », a déclaré Jacques Bauville à l'AFP.
Pour se plier à la loi, l'exploitant agricole dit avoir effectué un traitement par désherbant mercredi, en présence des gendarmes. Puis il a entrepris, vendredi après-midi, de retourner le sol avec le concours d'une trentaine de collègues de la Fdsea et d'une demi-douzaine de tracteurs. Il devait ensuite semer du maïs conventionnel.
Cette opération a été d'autant plus médiatisée qu'étaient présents le secrétaire général de la Fnsea, Dominique Barrau, et le président de l'association des producteurs de maïs de la Fnsea (Agpm), Christophe Terrain, venus exiger « le respect des moyens de production des agriculteurs ».
Sa parcelle de maïs transgénique avait été visée dès le 2 mai par une centaine d'opposants à la culture de maïs Ogm, militants de Greenpeace et faucheurs volontaires, conduits par le député européen José Bové (Eelv). Ils avaient détruit des plants sur 0,6 ha, selon les estimations de l'agriculteur.
Jeudi, c'est l'Etat qui a fait détruire trois champs de maïs génétiquement modifié dans le Midi, en vertu de l'interdiction de ce type de culture en France, confirmée mercredi par le Conseil constitutionnel. Cette destruction s'est faite sous la protection des gendarmes et en dépit de la mobilisation de dizaines d'agriculteurs décidés à l'empêcher.
Pour Jacques Bauville, « il est scandaleux que l'administration ait fait détruire des parcelles avant même qu'un référé liberté ait été rendu. Il n'y avait pas urgence car le maïs ne fleurit qu'à la mi-juillet. C'est gravissime pour l'état de droit ». « Nous continuons le recours sur le fond devant le Conseil d'Etat », a-t-il dit. De son côté, Jacques Bauville fait valoir que son maïs Ogm a été semé en toute légalité avant la dernière interdiction : « C'était encore faisable, je l'ai fait. » Et il continue de prôner la culture du maïs Ogm qui « évite d'utiliser trois insecticides car il produit une protéine qui empêche la pyrale et la sésamie - des chenilles spécifiques - de détruire le maïs ».
Au nom de l'Agpm, Christophe Terrain a lancé : « Il faut que les pouvoirs publics opèrent un virage, la colère monte dans les campagnes. » Il a présenté les faucheurs volontaires comme des « groupes de voyous et d'extrémistes qui ont détruit ici du maïs, ailleurs des pommiers ou des salles de traite ». Dominique Barrau a renchéri en prévenant que « les agriculteurs s'opposeraient à ces voyous à la prochaine occasion ». « Il y en a marre de (José) Bové, cet obscurantiste, et marre de ce ministre (de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, ndlr) qui autorise des fermes de Mille vaches et prétend défendre les petites exploitations », a-t-il lancé.