En créant l’Agpb en 1924, ses pères fondateurs, des céréaliers de Seine-et-Marne, n’avaient pas imaginé qu'aujourd'hui, ses 100.000 membres, seraient au cœur d’un enjeu national et planétaire. Celui de participer aux équilibres alimentaires mondiaux avec la nécessité de produire 700 millions de tonnes de céréales en plus pour nourrir plus de 8,5 milliards d’hommes en 2030. Or il y a 90 ans, avec des rendements de céréales inférieurs à 20 quintaux, la France métropolitaine ne subvenait pas à ses besoins et importait massivement du blé.
Mais, à peine remise d’une réforme de la Pac qu’elle a toujours condamnée, l'enjeu de l’Agpb était de rassembler, pour fêter ses 90 ans ce 16 juin, des personnalités de tous horizons et en phase avec les douze défis que la filière céréalière doit relever d’ici 15 ans. Ces derniers ont été présentés dans un livre blanc intitulé "Ambition céréales 2030" publié pour l’occasion.
Au cours des différents événements de la journée, l’association spécialisée de la Fnsea, s’est attachée à démontrer que les céréaliers sont des acteurs incontournables pour le redressement économique de la France et pour insuffler un vent d’innovations. Ils doivent être compétitifs sur des marchés dont il sera urgent de maîtriser la volatilité des prix pour protéger les revenus des chefs d’entreprises.
Ecologisation de la production
Invités, Pascal Lamy, ex-directeur de l’Omc (socialiste) et Hubert Védrine, ancien ministre socialiste des affaires étrangères, ont tenu des propos tout à fait « agpb-compatibles » avec les ambitions affichées par le syndicat.
Ils ont défendu l’importance géostratégique et économique de la production de céréales françaises. Selon eux, la France a le devoir d’alimenter les pays du Maghreb où la demande de produits agricoles est très importante. Les tensions politiques y sont trop importantes pour imaginer la création d’une Pac méditerranéenne avec un marché organisé commun.
Hubert Védrine n’a pas non plus manqué de rappeler que les céréaliers n’échapperont pas, comme tous les secteurs économiques, à l’écologisation de leur activité de production. Et elle s’appuiera sur l’innovation et la recherche sans renoncer à « produire plus », a assuré l’ancien ministre.
La célébration des 90 ans de l’Agpb a mobilisé jusqu’à la présidence de la République. « La France peut compter sur un secteur agricole et agroalimentaire diversifié et en particulier, sur une céréaliculture qui constitue un atout pour notre pays dans la mondialisation », a écrit François Hollande dans un message adressé à Philippe Pinta, président de l’Agpb. Et en écho aux propos du président de la République, Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture a annoncé la création d’un groupe de haut niveau. Les douze défis constituent, selon lui un pacte de production pour 2030.
Préserver un budget européen fort et ne pas créer de distorsions
Enfin, en choisissant pour fêter ses 90 ans le musée d’Orsay, où se tient l’exposition consacrée à Van Gogh, l’Agpb a montré que les céréales sont aussi un thème d'inspiration incontournable pour les peintres. Le "Champ de blé avec cyprès" était l’emblème du 90e anniversaire du syndicat.
Mais dans le tableau "Ambition céréales 2030" peint par l'Agpb, la mise en œuvre de la Pac fait tache. Une tâche indélébile parmi les douze défis à relever. Car ses décisions s’inscrivent à contre-courant du sens de l’histoire, telle que se la construit le syndicat. Quant à l’interdiction récente des Ogm, elle est perçue comme un frein à l’innovation. Mais aucun sujet qui fâche n’a été abordé au musée d’Orsay.
Pour 2020, « il faut préserver un budget européen fort et ne pas créer de distorsions de concurrence entre les Etats membres, notamment lors de la mise en œuvre nationale ou régionale de la Pac ». « Construire un système hiérarchisé d’assurances répondant à la diversité des risques à couvrir » est aussi une priorité à défendre.
