Plusieurs dizaines de manifestants étaient réunis mardi matin sur le site du projet de barrage de Sivens, près de Lisle-sur-Tarn, et ont fait face à 80 gendarmes déployés pour permettre la réalisation de travaux de terrassement préparatoires à la construction, a-t-on appris auprès de la gendarmerie du Tarn et de plusieurs militants sur place.
Ce projet de barrage donne lieu depuis des mois à une mobilisation faisant écho, en proportions beaucoup plus réduites, à celle contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). La construction du barrage destiné à alimenter en eau les fermes situées à proximité ferait disparaître un réservoir de biodiversité de 13 hectares. Les partisans du barrage, parmi lesquels la Fdsea, le défendent comme une nécessité pour sécuriser l'approvisionnement en eau des agriculteurs. Ses adversaires s'émeuvent de la mort d'une zone humide qui abrite 94 espèces protégées, parmi lesquelles des lamproies du Planer, un vertébré primitif en forme d'anguille. Soutenus par le député européen José Bové, ils dénoncent une vision dépassée de l'agriculture.
Mardi matin, les gendarmes ont maintenu à l'écart plusieurs dizaines de militants pendant que des engins de chantiers opéraient des travaux de terrassement d'un champ voisin, dans la perspective du début de travaux de déboisement de la zone (29 hectares), qui pourraient débuter dès le 1er septembre.
La préfecture du Tarn a insisté à plusieurs reprises sur le caractère selon elle exemplaire du projet en termes environnemental : 19,5 hectares de zones humides favorables aux espèces protégées recensées doivent être reconstituées en compensation des 13 hectares détruits et un suivi de l'évolution des espèces protégées sur ces parcelles sera assuré pendant 20 ans. Mais les opposants au barrage rétorquent qu'une zone humide est le fruit d'un très long processus naturel et dénoncent le coût global du barrage dont la construction est estimée par le conseil général à 8,4 millions d'euros et les frais annuels de fonctionnement évalués par les opposants à plus de 300.000 euros. Les deux collectifs impliqués dans la lutte contre le projet de barrage ont appelé leurs sympathisants à venir dans les jours prochains perturber le chantier de déboisement, ont expliqué plusieurs militants à l'Afp par téléphone.