La recette : des prix solides et la révision de la politique agricole commune. « Les prix autour de 6,50 euros le kilo sont parmi les plus hauts du monde et le rééquilibrage de la Pac va revaloriser nos aides de pratiquement 20 % », résume-t-il.
Alors que la précédente version de la politique européenne favorisait les grandes cultures et, parmi les éleveurs, l'élevage bovin, les moutons ont rattrapé leur retard : « On va même passer devant les bovins », estime Emmanuel Coste. La prime plancher, indique-t-il, s'établit autour de 18 euros, auxquels il en ajoute trois si le producteur assure ses débouchés par contractualisation avec un distributeur. Surtout, la profession a eu la sagesse de négocier une hausse des aides européennes conditionnée à la productivité : pour les toucher, il faut que les brebis donnent au minimum naissance à 0,4 agneau par an. Si ce taux est dépassé, à plus de 0,8 agneau par brebis, ou si l'éleveur est en phase d'installation, ou qu'il produit sous un label de qualité, la prime est augmentée de six euros par tête. « On encourage la productivité pour remonter la filière. On est les seuls à le faire mais ainsi, si les aides s'arrêtent ou diminuent, on ne coulera pas », assure Emmanuel Coste.
Et puis « on sait d'expérience que pour s'en sortir il faut produire de 1,2 à 1,4 brebis par an ». Le cheptel en redressement atteint aujourd'hui 5,5 millions de brebis, dont 1,5 million pour le lait, et fait vivre 45.000 éleveurs. « Pour la première fois, on espère stabiliser ces chiffres », ajoute le responsable. Les producteurs qui ont essuyé la forte concurrence des agneaux néo-zélandais dans les années 1990, avec des quotas de 220.000 tonnes représentant 20 % de la consommation européenne, se sont battus sur la qualité pour survivre : Label Rouge, Aoc, Igp et bio représentent aujourd'hui 20 % de la production française. Le dernier motif d'inquiétude, c'est le renouvellement des générations, indique Emmanuel Coste, qui appelle les jeunes éleveurs à choisir cette filière.