Face à la mesure de rétorsion russe, imposée début août, la Commission européenne a déjà annoncé des aides aux secteurs maraîcher et laitier européens d'un montant de 344 millions d'euros. Ces soutiens seront honorés, mais ils seront financés « sur la réserve de crise spécifique » prévue par la politique agricole commune, dotée d'un montant annuel de quelque 432 millions d'euros, a annoncé la Commission après une réunion sur le projet de budget 2015.
Si cette décision est avalisée par les gouvernements et le Parlement européen lors du bouclage du budget, à la fin 2014, « cela ne laisse que 88 millions d'euros pour d'éventuelles nouvelles mesures de soutien face à l'embargo russe, ou pour parer à toute autre crise dans le secteur agricole », a souligné une source européenne.
Le commissaire à l'Agriculture, le roumain Dacian Ciolos, notamment soutenu par ses collègues français Michel Barnier et finlandais Jyrki Katainen, voulait pouvoir utiliser des « recettes additionnelles » de quelque 450 millions d'euros disponibles pour le financement de la Politique agricole commune (Pac). Mais la Commission a précisé dans un communiqué avoir finalement décidé d'utiliser ces fonds « pour couvrir ses besoins les plus pressants » dans d'autres domaines, afin d'honorer les factures impayées qui s'accumulent dans ses tiroirs.
Outre qu'il prive l'agriculture de centaines de millions d'euros, cet arbitrage impose aussi aux agriculteurs de renoncer à 1 % des paiements directs prévus par la Pac pour abonder la réserve de crise. « Or il y a un consensus parmi les responsables européens de l'agriculture pour dire qu'il n'est pas normal que les agriculteurs paient le prix de l'embargo russe », a avancé une source européenne. Les ministres de l'Agriculture n'ont pas non plus exclu en début de semaine que l'UE doive prendre des mesures de compensations ciblées en faveur des producteurs laitiers des pays baltes et de Finlande, frappés de plein fouet par l'embargo russe. « La Commission a commencé à travailler sur de telles mesures, mais la question qui se pose désormais est où trouver l'argent », a relevé la même source.