« Le développement excessif des exploitations, médiatisé par le projet de la "ferme des 1.000 vaches", est déjà une réalité dans plusieurs pays européens. Avec le Modef, je le dénonce depuis longtemps. Je vois divers dangers à l’apparition de telles structures en France. D’abord, la course à l’agrandissement entretient celle de la baisse des prix. L’objectif de ces grosses fermes est de produire du lait à bas coût. Mais au regard des investissements colossaux engagés, la rentabilité ne sera pas meilleure que celle d’une plus petite exploitation.
D’un point de vue sanitaire, les risques vont être concentrés. Que se passera-t-il en cas de nouvelle crise ? Une chose est sûre : les conséquences seront bien plus lourdes. En matière d’emploi, cette agriculture industrielle fait travailler moins de personnes et contribue fortement à la désertification des territoires. Au final, ce modèle agricole n’est bon ni pour les agriculteurs qui ne trouvent toujours pas de prix rémunérateurs, ni pour les consommateurs, ni pour la vitalité des zones rurales.
Les politiques agricoles française et européenne facilitent depuis longtemps l’industrialisation de l’agriculture. Malgré de bonnes intentions, la réforme de la Pac n’y changera rien. L’Europe vise toujours plus de libéralisme. Et en France, aucune mesure n’est prévue dans le projet de loi d’avenir pour encadrer plus strictement ces grosses structures. Stéphane Le Foll semble en être conscient, mais avec les rapports de force actuels, il n’a que peu de latitude pour faire évoluer les choses. »