La semaine dernière, je me suis rendu chez Loic pour réadapter la ration, car nous avions prévu que le stock de céréales sèches (orge) arrivait à sa fin au cours de la semaine. Il gère seul un troupeau de près de 100 vaches laitières, avec son salarié à temps partiel. Le niveau d’étable se situe entre 9.500 et 10.000 l de lait vendu par vache et un des objectifs de l’éleveur est de limiter les achats extérieurs à l’exploitation.
Etre moins dépendant des concentrés
Cela va faire quatre ans qu’il travaille avec le cabinet Bdm. Au cours du temps, nous avons mis en place des stratégies simples et rentables sur les fourrages et les concentrés afin d’augmenter le niveau de production et d’économiser les achats extérieurs.
L’augmentation incessante des prix des matières premières nous a amenés à pousser plus loin notre raisonnement pour arriver à la conclusion suivante : Le point faible de la ration est l’ensilage de maïs, alors baissons-le ! En effet, plus il y a de maïs ensilage plante entière dans la ration, plus on est condamnés à corriger par les tourteaux et à accroître la dépendance de l’exploitation aux fluctuations du marché. Mais comment réduire l’ensilage de maïs ?
La première étape : supprimer la complémentation individuelle en aliment du commerce au Dac pour passer en ration totale mélangée. Une grande cuve a été acquise afin de stocker des produits sous forme liquide (mélasse, solubles, vinasse) selon leur intérêt technique et économique.
Maïs grain humide
Depuis deux ans, nous utilisons du maïs grain humide, un produit qui présente un intérêt nutritionnel indéniable. Cultivé sur l’exploitation, le maïs est broyé, stocké en boudin puis repris pour être intégré dans le bol mélangeur. Par ailleurs, Loïc arrive à court d’orge et souhaite remplacer intégralement l’orge par de l'ensilage de maïs épis. (cf ration ci-dessous).
Suite à notre choix d’arrêter le maïs plante entière, il nous faut aussi modifier le système fourrager :
- Implanter d’avantage de mélanges ray-grass + trèfle incarnat ou luzerne. Récolter cet ensilage d’herbe plus tôt que les années précédentes (ce qui pénalise un peu le rendement) afin que sa valeur nutritionnelle soit plus élevée.
- Augmenter la sole de luzerne à destination ensilage.
- Récolter plus d'ensilage de maïs épi.
- Semer du sorgho Bmr afin de sécuriser le système fourrager et la ration car nous avions besoin d’énergie sans amidon.
Bonne efficacité alimentaire
Quantité/vl avant changement | Quantité/vl après changement | |
Paille | 0.5 kg | 0.4 kg |
Foin de luzerne | 1 kg | 1.4 kg |
Vinasse | 700 g | 600 g |
Sel | 30 g | 50 g |
Mineral | 250 g | 300 g |
Orge | 1.1 kg | 0 |
Tourteaux (colza/soja/dreches) | 2.7 kg | 3 kg |
Ensilage de mais épi | 11 kg | 13.5 kg |
Ensilage d’herbe (rg+ti / luzerne) | 27 kg | 28.5 kg |
Ensilage de sorgho BMR | 10 kg | 5 |
Lors de ma visite, Loïc m’a fait part de sa satisfaction concernant la nouvelle ration, le litrage est à 30.4 l et continue à monter, pour un mois de lactation à 7.4, les taux sont corrects à 34.1 de TP et 41.3 de TB, 168.000 de cellules, les pics de lait s’établissent autour de 58 litres avec des fraîches vêlées qui maintiennent bien leur état corporel, la reproduction se passe bien (l’éleveur insémine lui-même). Les achats d’aliments représentent 16 % de la ration et le coût est de 102 €/1.000 l (en considérant le mais épi à 85 €/t, aux cours du maïs grain).
Seule ombre au tableau le jour de ma visite : les bouses ont tendance à être un peu molles, mais néanmoins très bien digérées puisque l’efficacité alimentaire est de 1.51 kg lait/kg Msi alors que le taux d’urée est à 204.
Augmenter la fibrosité
Je déduis de ces résultats que les vaches valorisent bien l’azote des fourrages, par contre si on arrive à augmenter le taux de protéine de la ration, elles exprimeront davantage leur potentiel, d’autant plus que le mois de lactation va rajeunir. Les conditions de réussite sont de compenser l’arrêt de la céréale par du mais épi et de sécuriser la fibrosité de la ration (un peu limite).
Pour la prochaine campagne, nous allons envisager de récolter l’herbe encore plus tôt pour optimiser sa qualité, afin de limiter encore plus les intrants et d’améliorer les performances. Une fois l’herbe récoltée, on raisonnera l’intérêt du sorgho Bmr vis-à-vis d’un maïs en culture de vente.
