Reconvertis dans le lait

Reconvertis dans le lait

Péter Nagygyörgy, éleveur laitier à Zsombó
Aux aides Pac, Péter Nagygyörgy préfère des prix rémunérateurs encadrés pour avoir plus de visibilité et disposer ainsi d'un revenu décent et de capacités d’investissement sécurisées. (©Norbert Somogyl)
 

Carte Hongrie
 (©Terre-net Média)

En Hongrie

Péter Nagygyörgy, éleveur laitier à Zsombó

Les contraintes du libéralisme et de la Pac

Dans la famille Nagygyörgy, on a toujours vu grand ! Actuellement, Péter livre 500.000 l de lait à la société Sole-Mizo à 15 km de la ferme familiale, située à Zsombó dans le département de Csongrád (sud-est de la Hongrie). Dans cette région, la topographie du paysage a conditionné l’évolution de l’agriculture, aussi bien sous le régime communiste que de nos jours.

Aux aides Pac, Péter Nagygyörgy préfère des prix rémunérateurs encadrés pour avoir plus de visibilité et disposer ainsi d'un revenu décent et de capacités d’investissement sécurisées.

Avec 70 vaches (150 animaux avec leur suite) sur 60 ha (40 ha en propriété et 20 ha en location), Péter et son père sont aujourd’hui des éleveurs plus intégrés dans la dynamique européenne que la majorité de leurs confrères. La raison ? Leur parcours professionnel qui les y a préparés, sans le savoir, avant la chute du collectivisme. Il y a 30 ans, le père de Péter a su tirer profit d’un régime foncier particulier auquel étaient soumis les hameaux de la région, alors que l’agriculture hongroise était collectivisée depuis 1948, pour se convertir au lait pendant que ses voisins optaient pour l’arboriculture et le maraîchage. 

Régime foncier spécifique

Comme elles ne se prêtaient pas à la production à grande échelle dans des kolkhozes, pour des raisons pédologiques et à cause d’handicaps naturels importants, les terres collectivisées avaient été rétrocédées aux paysans. Ces derniers avaient alors la possibilité de produire ce qu’ils voulaient, mais ils devaient contractualiser une partie de leur production avec le siège du kolkhoze. Sinon, ils étaient libres d’écouler leurs excédents sur les marchés locaux, ce qui a permis à la famille Nagygyörgy de se constituer les fonds propres nécessaires pour développer son exploitation. Jusqu’au début des années 90, la production principale de la  famille Nagygyörgy était, comme dans les fermes voisines, l'arboriculture et le maraîchage.

Vaches en Hongrie
En octobre, le litre de lait était payé 88,50 Ft
(forints hongrois), soit en fonction du taux
de change 0,29-0,35 €. (©Norbert Somogyl)

Les premières vaches ont été achetées au milieu des années 80. Puis, comme le changement de régime a progressivement mis fin à l’agriculture vivrière et a conduit de nombreux petits paysans à cesser leur activité, des terres se sont libérées. Les Nagygyörgy les ont donc louées ou achetées à leur propriétaire pour développer la production de lait.

Aujourd’hui, les animaux sont logés dans une stabulation construite dans les années 90 et équipée d’une salle de traite 2x4 postes. Mais la production laitière s’est accrue ces dernières années au détriment de l’autonomie fourragère du troupeau car les terres libres pour s’agrandir sont rares et la petite dimension des parcelles limite l’emploi de matériels puissants. Ceci dit, il n’est pas question de manquer une occasion d’acheter le moindre are libéré à proximité de l’exploitation.

En octobre, le litre de lait était payé 88,50 Ft (forints hongrois), soit en fonction du taux de change 0,29-0,35 €.

Forte volatilité des prix

En fait, ce qui complique avant tout la réalisation des projets d’agrandissement de Péter et de son père, c’est la volatilité des prix. Autre facteur limitant : le refus de la société collectrice de lait de garantir un prix au-delà de deux mois.

Quant à la Pac, sa complexité surprend en permanence Péter qui estime que les contraintes imposées valent bien, à certains égards, celles auxquelles ses parents étaient soumis pendant la période communiste. Depuis l’adhésion de la Hongrie à l’Union européenne en 2004, les charges administratives des agriculteurs sont de plus en plus lourdes, sans espoir que cela change dans le bon sens insiste Péter.

Aux aides Pac, l’éleveur préfère des prix rémunérateurs encadrés pour avoir plus de visibilité et disposer ainsi d'un revenu décent et de capacités d’investissement sécurisées. Et selon lui, la majorité des éleveurs français partagent son avis !

Reportage sur la ferme de Philippe
Philippe Collin (à droite sur la photo) ne voit que de la « cohérence » dans le retour des vaches sur l'exploitation.(©Fanny Collin)
En France

Gaec du Champ Beaublé à Blacy (Yonne)

Réintroduire l’élevage

La réintroduction d’un élevage de vaches laitières dans une exploitation bourguignonne s’inscrit à contretemps des tendances observées dans cette région et dans les zones intermédiaires de polyculture-élevage, situées à la périphérie du Grand Bassin parisien. Dans ces secteurs, la production de céréales est de plus en plus préférée à celle du lait.

Mais au Gaec du Champ Beaublé à Blacy (Yonne), Philippe Collin, ancien porte-parole de la Confédération paysanne, ne voit pourtant que de la « cohérence » dans le retour des vaches sur la ferme. Tout d’abord parce que celui-ci coïncide avec les installations de sa fille Fanny et d’Adrien Andruszkow, l’un de ses salariés. Deux emplois ont ainsi été créés sans avoir à augmenter la taille de l’exploitation.

Le Gaec comprend dorénavant quatre associés. 240 ha de céréales et 240.000 l de lait bio, livrés à Biolait (400 €/t), visent à dégager la valeur ajoutée nécessaire pour rémunérer leur travail. Début 2014, Fanny s’est lancée dans la production de laitages. Un quota de 30.000 l a été alloué pour la vente directe et la construction du laboratoire est bientôt terminée. La cohérence du système de production repose aussi sur l’organisation du travail : Régis s’occupe particulièrement des céréales, Adrien et Philippe sont en tandem pour l’élevage et Fanny est en charge de la transformation fromagère.

Un système de production cohérent

La cohérence du système se situe à un troisième niveau. Le retour des vaches sur la ferme, convertie en bio depuis 1998, permettra d’épandre davantage de matière organique sur des terres séchantes, aux faibles capacités de production. Jusqu’à présent, un assolement varié sur les 320 ha cultivés a été la clé de la réussite de l’exploitation. Mais il ne suffit plus pour préserver le potentiel agronomique des sols, malgré la réintroduction de la luzerne dans la rotation.

Enfin, le projet des associés du Gaec du Champ Beaublé est en phase avec la Pac qui sera en vigueur à partir de 2015. Les aides seront majorées sur 208 ha et la convergence des Dpu historiques ne changera rien puisque le Gaec est déjà dans la moyenne nationale et régionale. L’exploitation bénéficiera aussi d’aides complémentaires du second pilier.

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