« Je m'appelle Thierry Bailliet et j'ai 43 ans, je suis marié et père de deux enfants : un garçon âgé de 16 ans et une fille de 13 ans. Je me suis installé en 1996 en Earl sur l'exploitation familiale à Loos-en-Gohelle dans le Pas de Calais. Prochainement, mon épouse va me rejoindre en co-exploitante. Coté études, je pense avoir fait pratiquement tout le cycle agricole : j'ai commencé par une quatrième et une troisième agricole, puis un Bepa et un Bta G. J'ai terminé par un Bts Acse.
Sur mon exploitation, je cultive 80 ha dont 24 ha de pommes de terre (une partie en location), 10 ha de carottes, 10 ha de betteraves, 10 ha de Ray-grass semence, 20 à 25 ha de céréales et le reste en pâture pour les chevaux. Je vends la récolte de mes cultures à l'industrie, à des négociants ou à la sucrerie. Je termine cette année un Programme Eau et Agriculture (Pea), dont le but est d’accompagner sur cinq ans les agriculteurs dans l’évolution de leurs pratiques afin d’améliorer la qualité de l’eau.
D'exploitant agricole à cultivateur
Par ailleurs, avec quatre collègues - dont un seul est en agriculture biologique - nous nous sommes mis à cultiver des cultures biologiques sur 15 ha : des pommes de terre, des potimarrons, des oignons, de la luzerne, du blé et de l'orge. Le projet a vu le jour grâce à notre commune et à son maire plutôt branché sur l'agriculture biologique, qui nous a proposé des terres que la mairie avait reprises à un exploitant cédant. Les récoltes sont vendues dans des coopératives ou à des éleveurs du coin. L'objectif est de fournir à terme les restaurants scolaires voisins mais pour cela, il faut que nous atteignons un volume de production plus important. Nous souhaitons aussi développer une unité de transformation pour favoriser les circuits courts comme la vente directe.
L'agriculture biologique, cela ne me fait pas peur. En observant mon système actuel, je ne le trouve pas si folichon que ça. J'ai notamment perdu de l'argent avec ma production de pommes de terres l'an dernier. J'ai donc décidé de me diversifier. Humainement parlant, j'avais l'impression d'avoir fait le tour de toutes les techniques possibles.
Nous travaillons avec la terre et non à son détriment
Avec l'agriculture biologique, j'en apprends de nouvelles qui sont intéressantes et je me sens plus proche de la terre. Je ne suis plus seulement assis sur mon tracteur, je suis davantage dans la réflexion qu'auparavant. Je suis repassé d'exploitant agricole à cultivateur : exploiter c'est pomper les ressources de la terre, cultiver, c'est partir de rien pour arriver à quelque chose. Je n'aime pas trop le terme d'exploitant agricole car nous travaillons avec la terre et non à son détriment.
Je fais aussi de la pension pour chevaux, c'est pour moi une diversification. Mon père élevait des taurillons mais la rentabilité était limite. En étant situé en zone urbaine, il y a de nombreuses demandes pour la pension de chevaux. J'utilise pratiquement que mes productions pour les nourrir (paille, foin, orge.) et le fumier retourne sur mes terres. Un moniteur me loue une partie des installations, il est donc autonome : je m'occupe des pensions et lui s'occupe des cours d'équitation. »