La hausse du revenu agricole contestée de toutes parts

« Incompréhensible », « insuffisant », « approximatif », « une provocation » : l'augmentation du revenu avant impôt des agriculteurs pronostiquée par l'Insee n'a visiblement pas du tout convaincu les représentants de la profession.

Pour l'institut rattaché à Bercy, ce revenu serait en hausse de 8,8 % cette année à 26,1 milliards d'euros, sur une production hors subventions estimée stable à 74,6 milliards d'euros. L'amélioration serait le résultat d'une baisse de 2 % des dépenses de production (aliments pour animaux, énergie, engrais) et d'une nette hausse des subventions, qui avoisinent 10 milliards d'euros.

La hausse serait même de 16,2 % pour les chefs d'exploitations agricoles, indique l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture (Apca) dans un communiqué, ajoutant qu'après « l'effondrement » de 2012 et 2013, puis la reprise amorcée en 2014, « les revenus de l'année 2015 sont identiques aux niveaux de 2011 ». L'Apca regrette cependant l'absence inédite « d'éclairage sectoriel », alors que « l'année 2015 est marquée par une crise sévère dans le domaine de l'élevage et aussi par des tensions importantes sur les cours des grandes cultures ».

Le ministère, qui publiait jusqu'alors en même temps que l'Insee une estimation du revenu agricole moyen par exploitation et pour chaque catégorie de producteurs, a décidé d'en reporter la diffusion à l'été suivant à compter de cette année. Ces chiffres provisoires, souvent éloignés de la réalité, entraînaient chaque année d'importantes corrections. Fin 2013, Xavier Beulin, le président de la FNSEA, s'était dit « très fâché » des « faux » chiffres de l'année 2012 et avait demandé « des explications » au ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll.

Aujourd'hui encore, le principal syndicat agricole français a dénoncé dans un communiqué « une véritable provocation », estimant que la publication en décembre d'une prévision du revenu agricole « doit être purement et simplement supprimée ».

Céréales, lait et porc dans le dur

Les autres syndicats agricoles sont tout aussi sceptiques. La Confédération paysanne déplore « un regard froid et basé sur des données insuffisantes », qui « ne reflètent pas la complexité de la réalité ».

Pour la Coordination rurale, « les résultats présentés sont très approximatifs » et font de 2015 « une année noire présentée en rose », alors que les éleveurs, en particulier de porcs, « sont dans une situation gravissime », de même que les grandes cultures.

Selon l'Insee, la production végétale française baisse en volume, mais s'apprécie de 3,4 % en valeur, à 44,1 milliards d'euros, grâce notamment aux bonnes récoltes de blé et d'orge et aux hausses de prix du colza, du tournesol.

Pour l'association Orama, qui représente ces filières, cette estimation est « incompréhensible » car le revenu moyen des producteurs sera « pour la troisième année consécutive (...) au plus bas de l'échelle » et qu'il « avoisinera zéro avant impôts et cotisations ».

La situation n'est guère meilleure dans l'élevage, dont la production augmente en volume mais décline de 4,5 % en valeur, à 25,7 milliards d'euros selon l'Insee, lestée par des baisses de prix prononcées du lait (- 10 %) et du porc (- 6 %). Les éleveurs laitiers s'attendent toutefois à une véritable chute de leurs revenus : - 40 % en plaine et - 50 % en montagne, a signalé mardi Thierry Roquefeuil, président de la Fédération nationale de producteurs de lait, lors d'une conférence de presse.

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