Selon les chiffres des comptes prévisionnels de l'agriculture, estimés au 20 novembre et publiés le 15 décembre 2015, le revenu net par actif non salarié de la branche agricole* augmenterait de 16,2 % en termes réels entre 2014 et 2015. « Il rattraperait ainsi le niveau 2011 historiquement élevé », explique le document de la commission des comptes de l'agriculture de la nation, rendu public le 15 décembre 2015.
« Le volume d’emploi non salarié poursuivrait sa baisse (- 2,2 %), conduisant à une croissance du revenu net de la branche agricole par actif non salarié de + 17,6 %. Déflaté par l’indice de prix du PIB (+ 1,1 %), le revenu agricole net de la branche agricole par actif non salarié en termes réels progresserait de 16,2 % en 2015, détaille la CCAN. La volatilité des prix agricoles et des prix des intrants induit de fortes variations de cet indicateur. En tendance, il se stabilise à un niveau élevé. »
Pour ces comptes prévisionnels agricoles 2015, le ministère de l'agriculture a décidé de ne publier ni de chiffres bruts, ni d'évolution par orientation technico-économique (Otex) des exploitations, comme il s'était habitué à le faire depuis de nombreuses années. Une décision qui résulte du tollé qu'avait provoqué en 2013, la révision à la hausse des comptes 2012. Les syndicats avaient alors fortement dénoncé la méthode de calcul.
Pas de prévisions par production cette année
Mais en ne publiant qu'une tendance générale pour 2015, de surcroît en forte hausse alors que la conjoncture économique est très difficile pour de nombreux producteurs, le ministère ne va pas éviter de nouvelles critiques, tant les chiffres annoncés vont paraître en total décalage avec la situation vécue sur le terrain.
En l'absence de prévisions de revenus par orientation technico-économique (lait, bovins viandes, grandes cultures, cultures spécialisées, etc.), et compte tenu de la situation difficile notamment en élevage, l'enseignement principal résultant de ces chiffres de la ferme France est que les écarts entre productions se sont nettement accentués.
Les chiffres annoncés vont paraître en total décalage avec la situation vécue sur le terrain.
A noter que les comptes prévisionnels laissent apparaître les évolutions dans la structuration des aides Pac, suite à l'application en 2015 de la réforme finalisée l'an dernier. Les chiffres publiés par le ministère tiennent compte des montants dus aux producteurs, et non des subventions réellement versées. A cause du retard pris dans la mise en place de la réforme, les subventions ne seront réellement versées qu'en 2016. Selon ces chiffres, les subventions d'exploitation, c'est-à-dire les paiements uniques, les aides agro-environnementales, le crédit-d'impôt compétitivité emploi (CICE) et les autres aides telles que celles liées aux calamités agricoles, ont augmenté de près de 700 M€ en un an pour la ferme France.
